La banque nationale de crédit (1913-1932)
Identification
- Dates extrêmes : 1913-1962
- Description physique : archives papier, photos, affiches
- Volumétrie : 263 en UA
- Localisation physique : Archives nationales du monde du travail (ANMT)
Zone des conditions d’accès et d’utilisation
- Condition d’accès : communicable sur autorisation
- Langue : Français
Contexte
Une partie des archives de la B.N.C. et de sa liquidation a été remise aux Archives nationales le 20 novembre 1968 par la Banque nationale de Paris, résultant de la fusion, réalisée en 1966, de la B.N.C.I. et du Comptoir national d’escompte de Paris ; ce dépôt a pu être consenti grâce à l’intervention de M. Paul Macé, l’un des liquidateurs, conseiller technique auprès de la B.N.P qui a estimé devoir sauver de la destruction des documents retraçant l’essentiel de l’activité de cet important établissement de crédit et de sa liquidation. Dans une notice historique, contenant aussi un état sommaire des documents triés, et sélectionnés par lui pour être préservés, M. Macé a retracé l’histoire des archives de la B.N.C. ; d’abord rassemblées dans le local que possédait la liquidation à Boulogne- sur-Seine, les archives furent transférées , en 1962, après des destructions importantes, dans un entrepôt de la B.N.C.I. au 132 quai de Jemmapes ; elles étaient alors réduites à 1 km 200 et la B.N.C.I. devait en assurer la conservation pendant 10 ans, conformément aux accords conclus avec la B.N.C. lors de sa cessation d’activité et à la décision de l’assemblée générale finale des actionnaires du 23 novembre 1962.
Le fonds présente un intérêt pour l’histoire de la B.N.C. et de ses filiales, ainsi que de leur liquidation; il reflète, en outre, l’histoire économique de la période de l’entre-deux-guerres et constitue une mine de renseignements financiers sur un grand nombre d’entreprises très diverses, sur lesquelles nous manquons, par ailleurs, totalement d’informations.
Des compléments importants sur la liquidation de la B.N.C. et la constitution de la B.N.C.I., ainsi que sur quelques-uns des principaux débiteurs (Comptoir Lyon- Alemand, Marcel Boussac, S.A. des Aciéries et forges de Firminy, Établissements Carel, Fouché et Cie, Lorraine-Dietrich, Gaumont-Franco-Film-Aubert, etc.) pourront être trouvés dans les archives du ministère des Finances cotées F30 2808 à 2822 aux Archives nationales. Par ailleurs, l’article F30 1039 contient un dossier relatif à une proposition, faite en 1926 par la B.N.C. pour amortir en 10 ans l’emprunt de 1918 du gouvernement français à la Banque de la Nation à Buenos Aires, au moyen de commandes du gouvernement argentin à exécuter par l’industrie française (armements, métallurgie), et à faire régler par l’émission d’un emprunt du gouvernement argentin sur le marché français ; le projet fut refusé sur l’avis de la Direction du mouvement général des fonds. Enfin un petit dossier côté F30 2398 concerne le remboursement des créances de la B.N.C. en Allemagne en 1933.
Historique
La Banque nationale de crédit (BNC) est créée officiellement le 25 juin 1913, à la tête d’un capital de 100 millions de francs, et prend possession du réseau français du Comptoir d’escompte de Mulhouse (CEM) le 1er juillet 1913. Elle est présidée par Georges Cochery, ancien ministre des Finances, et dirigée par Eugène Raval, également administrateur, qui prend la succession de Cochery à sa mort en août 1914. Au conseil d’administration figurent également des transfuges du CEM, Gustave Favre, Arnold Seyrig et Léon Dardel, mais aussi Jules Siegfried, ancien ministre du Commerce, René Boudon et Charles du Peloux, les président et directeur de la Banque française pour le commerce et l’industrie (BFCI, alias Banque Rouvier).
Entre 1913 et 1920, la BNC se lance dans une politique de croissance aussi bien interne qu’externe. Elle ouvre dès 1913 de nouvelles agences dans le Nord et le Languedoc, absorbant une trentaine d’établissements locaux et régionaux, tels la Banque du Midi, le Crédit du Centre, le Crédit du Sud-Ouest, la Banque de Nancy ou la Banque de Metz. En 1922, elle ne compte pas moins de 442 agences, dont 188 succursales. Les opérations d’escompte constituent la moitié de ses opérations et la banque contribue activement au financement des dépenses publiques, en particulier dans le cadre de l’effort de guerre. La BNC sera par ailleurs la seule banque française à renoncer à utiliser le moratoire d’Etat en 1914 gelant les dépôts et les dettes. Cette initiative lui attire les faveurs du public et pendant la croissance des années 20, grâce à cette confiance qu’elle a su conquérir, elle va largement profiter de l’afflux des épargnes des particuliers et des entreprises. De 1913 à 1930, elle multiplie par huit le nombre de ses guichets (751 en 1930, dont près de 400 permanents).
Elle fusionne le 1er septembre 1922 avec la BFCI, la BNC apportant son réseau de collecte et la BFCI apportant son portefeuille d’affaires. Cette fusion lui permet d’asseoir sa place dans le monde des affaires. En effet, la plupart des anciens dirigeants de la BFCI interviennent au sein du conseil d’administration, comme René Boudon, qui devient président de la BNC à la suite d’Eugène Raval, Maurice Devies, Maurice Lépine, Henri Bousquet. D’autres hommes d’influence entrent au conseil de la BNC, comme Pierre Richemond, venu de la métallurgie et drainant derrière lui un réseau de 80 industriels du secteur (Renault, Fives-Lille, Peugeot, Lorraine-Dietrich), ou encore André Vincent, ancien des Forges et aciéries de Firminy et du Comptoir Lyon-Alemand (le transformateur de métaux le plus important de France) qui entre au comité de direction en 1919 pour accéder à sa présidence en 1927.
Ainsi s’instaure un partenariat avec nombre d’industries françaises. Outre les clients fidèles (les Tréfileries et Laminoirs du Havre, dont la relation remonte à la Banque internationale de Paris en 1900-1903, ou encore la SACM) la banque accompagne ses nouvelles relations : le groupe de Marcel Boussac dont elle devient un des banquiers principaux, Citroën, Péchiney, Thomson-Houston. La BNC accorde à sa clientèle d’entreprises des découverts et facilités de caisse pour 3 à 6 mois renouvelables et consent des crédits plus longs (4 à 12 mois), reposant sur des garanties. Cette façon nouvelle de procéder immobilise une fraction notable de ses disponibilités.
A l’étranger, elle ouvre un bureau à Londres en 1928, qui lui permet d’épauler la SCOA (Société commerciale de l’Ouest africain) dans ses échanges entre la Grande-Bretagne, la France et l’Afrique noire francophone et anglophone. En 1929, elle participe avec ses consœurs à la création de la Banque française d’acceptation. Grâce notamment aux relations tissées par la BFCI qui avait créé en 1921 la Banque française des pays d’Orient, elle déploie également ses activités en Europe Orientale dans le financement des exportations turques et grecques vers l’Europe.
La BNC devient ainsi la quatrième banque de dépôt française derrière le Crédit lyonnais, la Société générale et le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP).
La banque a très tôt soutenu les industries « nouvelles » dès les années 20, dans les domaines de l’aéronautique (Société Générale d’Aéronautique – SGA) ou du cinéma (Société Gaumont-Franco-Films-Aubert) entre autres. Comme nombre d’autres entreprises et secteurs, ces sociétés sont touchées de plein fouet par la crise et sont ruinées au début des années 1930.
Ainsi, après être devenue une banque prospère et avoir absorbé le Comptoir d’escompte de Mulhouse (CEM) en 1930, elle sombre dans la crise des années 1930, entraînée dans la chute par son principal actionnaire, le groupe de l’industriel André Vincent, devenu président de la BNC en 1927, mais aussi actionnaire et client prépondérant de la BNC. En tant que Président, André Vincent prend le contrôle de l’établissement financier. En trois ans, la banque se trouve réduite à la simple dépendance d’un groupe industriel qu’elle alimente en crédits : alors qu’elle continue à mener ses affaires courantes de banque de dépôts, une équipe de financiers met une large partie de ses ressources au profit du groupe Vincent. Mais à la suite de la crise de 1929, la conjoncture internationale se retourne dès 1930 et le groupe Vincent est confronté à une crise de trésorerie structurelle : en 1932, parmi les 35 plus gros comptes débiteurs de la BNC, 15 sont détenus par des sociétés rattachées au groupe Vincent.
C’est en 1931 que la confiance s’érode, le cours des actions de la banque s’effondre, la ruée vers les guichets pour retirer ses dépôts s’accélère, et l’État décide d’intervenir pour constituer un fonds de garantie, liquider la BNC et la reconstituer sur des bases saines le 12 janvier 1932.
Ainsi, suite à la décision prise le 26 février 1932 en assemblée générale extraordinaire sous les auspices des autorités politiques et des institutions consulaires, sur les décombres de la BNC est constitué un nouvel établissement le 18 avril 1932, la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI). La liquidation de la BNC, quant à elle, va s’étaler sur 30 ans : tout ce qui a pu être préservé – le Siège, les guichets, le personnel, les actifs disponibles, le solde des dépôts, est transmis à la nouvelle institution. Reste à recouvrir les créances immobilisées, en premier lieu l’argent avancé par le Trésor, la Caisse des dépôts et consignations ainsi que la Banque de France. C’est en 1962 que le ministre des Finances, Valéry Giscard d’Estaing, signe la fin de la liquidation de la BNC : en soldant durant 30 ans les mauvaises créances, dont certaines ont repris de la valeur, la liquidation a été finalement bénéficiaire.
Sources complémentaires
65 AQ A214, Statuts (1913-1930), assemblées générales (1914-1962), avis (1913-1953), coupures de presse (1913-1959), listes diverses (1925-1927), notes diverses (vers 1930), calendrier-réclame (1923).
155 AQ, Archives de la BNCI.
Archives de la Banque de France.
Archives du Crédit lyonnais.
Au CHAN :
F30 1039, Emprunts franco-argentins (1926).
F30 2398, Remboursement de créances en Allemagne (1933).
F30 2808-2822, Liquidation de la BNC et principaux débiteurs.
Bibliographie :
H. BONIN, La Banque Nationale de Crédit : histoire de la quatrième banque de dépôts française en 1913-1932, Paris, 2002, 238 p.
Charles-Albert LUCAS, Pierre PASCALLON, Albert-Buisson, un destin au XXe siècle (1881-1961). Essai sur une prodigieuse réussite sociale française.
Fonds conservés aux Archives nationales du monde du travail (ANMT)
Présentation du contenu :
Documents sociaux ; circulaires ; dossiers de contentieux ; dossiers d’escompte ; comptabilité ; liquidation ; dossiers des filiales.
120 AQ 33-90 | Documents sociaux : statuts, rapports annuels, procès-verbaux du conseil d’administration, du comité de direction. | 1913-1932 |
120 AQ 91-130 | Circulaires. | 1913-1932 |
120 AQ 131-236 | Contentieux : dossiers d’ouvertures de comptes de sociétés. | 1916-1932 |
120 AQ 237-259 | Dossiers d’escompte : sociétés (essentiellement situées à Paris) en relations suivies avec la BNC. | 1919-1932 |
120 AQ 260-446 bis | Comptabilité : comptabilité générale (1913-1932) ; comptabilité analytique (1913-1932) ; statistiques et comptes spéciaux (1923-1932) ; états des engagements (1931-1932). | 1913-1932 |
Liquidation de la BNC
120 AQ 447 | Assemblées générales. | 1932-1962 |
120 AQ 449-503 | Collège des liquidateurs et sous-comités. | 1932-1962 |
120 AQ 504-513 | Comité de liquidation. | 1936-1957 |
120 AQ 514-532 | Fichier des affaires traitées. | |
120 AQ 533-547 | Organisation de la liquidation et création de la BNCI. | 1923-1959 |
120 AQ 548-550 | Dossiers des administrateurs. | 1928-1953 |
120 AQ 551-552 | Correspondance. | 1932-1953 |
120 AQ 553-554 | Fin de la liquidation. | 1932-1968 |
120 AQ 555-589 | Service financier : transferts des titres à la BNCI. | … 1965 |
120 AQ 590-729 | Dossiers de débiteurs (dont 660 à 677 : affaires diamantaires) et des règlements commerciaux. | |
120 AQ 730-741 | Contentieux civil et judiciaire. | 1908-1956 |
120 AQ 742 | Affaires concernant le personnel. | 1926-1958 |
120 AQ 743-748 | Affaires concernant les immeubles. | 1930-1962 |
120 AQ 749-755 | Affaires fiscales : BNC et sociétés étrangères représentées par la BNC en France. | 1912-1951 |
120 AQ 756-757 | Relations étrangères : recouvrement de créances. | 1920-1956 |
120 AQ 758-781 | Liquidation du personnel. | 1923-1963 |
120 AQ 782-877 | Comptabilité. | 1931-1962 |
120 AQ 878-892 | Immeubles et archives. | 1774-1960 |
120 AQ 893-896 | Impôts. | 1920-1960 |
Filiales de la BNC
120 AQ 897-989 | Banque française pour le commerce et l’industrie. | 1901-1955 |
120 AQ 990-991 | Compagnie française d’immeubles. | 1919-1944 |
120 AQ 992-1001 | Banque française des pays d’Orient. | 1921-1957 |
120 AQ 1002 | Comptoir d’escompte des pays rhénans. | 1920-1925. |
120 AQ 1003 | Banque française d’acceptation. | 1929-1944 |