L’édition 2020 de la Semaine internationale des archives est l’occasion de s’interroger sur les principales évolutions qui se dessinent pour le métier d’archiviste. Pour nourrir la réflexion, nous avons invité un Docteur en histoire et historien public, Daniele Sacco Zirio, à partager sa vision de l’archiviste du futur.
« Je crois que le numérique est une des questions les plus importantes pour l’avenir des archives et des archivistes. Qu’il s’agisse de documents écrits, d’images (fixes ou animées) ou de sources sonores, leur numérisation pose toute une série de problématiques relatives à leur sélection, conservation, accessibilité et valorisation, mais aussi en ce qui concerne leur lecture et interprétation. Cela d’autant plus que les archivistes doivent désormais traiter des sources dématérialisées ou « natives numériques ». Ce ne sont pas des questions nouvelles, mais elles sont d’actualité et continueront de l’être dans les décennies à venir. Au-delà du problème des connaissances techniques, en fait, je crois que l’archiviste de demain devra adopter une perspective renouvelée sur le rapport d’une société avec son passé dont il est le gardien. Un défi qu’il partagera et il partage déjà avec les historiens.
Un autre défi, étroitement lié au premier, est celui de leur rôle vis-à-vis du grand public. De plus en plus les services d’archives s’adressent à une audience de non-experts à travers les expositions, les journées portes ouvertes et du patrimoine, la communication via le web et les média sociaux. A l’encontre d’une image un peu poussiéreuse des archives, cette volonté d’en faire des lieux ouverts, accessibles et vivants appelle l’archiviste à devenir médiateur et à concourir directement à la valorisation des fonds et collections.
Aussi, la pratique relativement nouvelle des archives participatives ou crowdsourcing (qui consiste en la collecte de sources grâce à la participation active de la population d’une collectivité) modifie le rapport entre le public, l’archive, et l’archiviste. Ce dernier doit savoir redéfinir son métier et la valeur de son expertise de manière nouvelle, dans une optique de collaboration continue et permanente avec le public. Dans ce cas aussi les interrogations me semblent analogues à celles des historiens (et en particulier des historiens publics) dont l’effort est d’aller à la rencontre de non-spécialistes et, parfois, de collaborer avec eux. »
La Semaine internationale des archives est née en 2019 comme élargissement de la Journée internationale des archives. Etablie à l’initiative du Conseil International des Archives, cette manifestation a pour objectif de faire connaitre le rôle et la valeur des archives et des archivistes auprès du grand public. L’édition 2020, se déroulant du 8 au 14 juin, est intitulée « Renforcer les Société du Savoir ».
L’Histoire publique est une branche de l’histoire en plein essor. En France, elle est enseignée depuis 2014 dans le Master Histoire Publique à l’Université Paris-Est Créteil.