Les banques à l’affiche
Préférant cultiver la discrétion, les banques ont mis du temps à s’emparer de l’affiche. Ce sont les besoins de propagande pendant la 1e Guerre mondiale, puis la démocratisation de la banque qui feront d’elle un vecteur essentiel et durable de la communication publicitaire.
Accompagnant la révolution industrielle et le développement urbain, l’affiche connaît un développement spectaculaire pendant tout le XIXe siècle. Jules Chéret lui donne ses lettres de noblesse et certains peintres comme Alphonse Mucha ou Toulouse-Lautrec renforcent son prestige. Quant à la loi de 1881 qui proclame la liberté de l’affichage, elle lui procure de nouveaux espaces.
L’affiche illustrée entre en guerre
Pourtant, dans le milieu bancaire, il n’est pas de bon ton d’afficher de façon voyante ses produits et services : les vitrines se contentent de placards souvent en noir et blanc et essentiellement textuels. La 1re Guerre mondiale change la donne. La banque contribue à l’effort de guerre et comprend que l’affiche est un moyen efficace et rapide d’expression de la propagande. Les quatre emprunts nationaux de 1915 à 1918 font entrer l’affiche, illustrée par des artistes, dans les murs des agences. Elle n’en sortira plus. Le Comptoir national d’escompte de Paris qui, édite à cette époque de nombreuses affiches, se distingue par une opération spectaculaire : il fait fabriquer en seulement deux semaines une immense affiche de 6 mètres sur 4 qu’il placarde sur sa façade du 2 avenue de l’Opéra. Il s’agit d’un dessin d’Auguste Leroux agrandi cinq fois qui représente deux jeunes femmes, l’Alsace et la Lorraine. Sous une bannière de 17 mètres de long clamant « Pour hâter la Victoire et pour nous revoir bientôt, Souscrivez ! », elle couvre en hauteur deux étages de l’immeuble.
La force du slogan et de l’image
Après-guerre, l’affiche illustrée est, avec les encarts publicitaires dans la presse et les tracts, adaptée au mouvement de démocratisation de la banque. Elle prouve qu’elle est un média capable de s’adresser à un large public avec ses images symboliques et ses slogans percutants. A côté de « nouveaux médias » comme les rapports annuels, les revues, les brochures, les affiches accompagnent toujours l’essor de la banque et de ses produits. La photo, d’abord en noir et blanc puis en couleur, fait son apparition. Même à l’heure des premiers spots télévisuels au début des années 1960, même à celle de la multiplication des écrans d’information dans les agences, l’affiche garde son pouvoir d’attraction et sa force de persuasion. En 2014, BNP Paribas lance ainsi un concours, renouvelé, en 2015, pour les clients entrepreneurs : les lauréats gagnaient le droit d’exposer leur publicité… sous forme d’affiche pendant un mois dans les agences du groupe !
Partager cette page