La banque moderne – 1966-1999
La naissance de la BNP marque un changement d’échelle dans l’histoire de BNP Paribas et de l’économie française. Elle ouvre aussi la voie à la bancarisation de la société française.
BNP : Banque française numéro un
Dans le cadre d’un vaste plan de relance de l’économie française, le ministre de l’Économie et des Finances, Michel Debré, souhaite stimuler la concurrence entre les banques et créer ainsi une « force de frappe financière ». Il assouplit la distinction entre les banques d’affaires et les banques de dépôt et les restrictions à l’ouverture de nouvelles agences.
En 1966, il fusionne la BNCI avec le CNEP pour former la Banque nationale de Paris (BNP), qui devient la première banque française. Les bonnes relations entre Henry Bizot, président du CNEP, et Pierre Ledoux, directeur général de la BNCI, contribuent à la réussite de la fusion des deux banques qui, bien que très complémentaires, avaient des cultures d’entreprise très différentes.
La BNP est désormais opérationnelle et en bonne position pour répondre aux besoins de financement des entreprises et des particuliers qui s’installent. La banque contribue à l’ouverture des services bancaires au grand public en ouvrant des centaines d’agences de proximité, est l’une des nombreuses banques à proposer la carte bleue, et développe son réseau international. Sa campagne de publicité « Votre argent m’intéresse« , lancée en 1973 dans l’esprit audacieux de la BNCI, brise le tabou français de parler d’argent et reste encore aujourd’hui le slogan le plus mémorisé de toutes les publicités bancaires en France. C’est également l’année du lancement du sponsoring du tournoi de tennis de Roland-Garros par le Groupe. Cette relation est promise à un bel avenir et s’est étendue au fil des ans bien au-delà du stade de Roland Garros pour devenir un partenariat avec toutes les formes de tennis dans le monde.
Paribas et la Compagnie Bancaire se rapprochent
L’année 1966 voit également le renforcement des liens entre Paribas et la Compagnie bancaire. Créée en 1959, la Compagnie regroupe plusieurs sociétés financières spécialisées constituées à partir de 1946 par Jacques de Fouchier, un entrepreneur visionnaire et charismatique. Parmi celles-ci, citons Cetelem, société de crédit à la consommation créée en 1953, UCB, spécialisée dans le financement de l’immobilier, et plus tard, en 1973, Cardif, société d’assurance qui a développé de nouveaux types de produits et de canaux de distribution.
Jacques de Fouchier deviendra plus tard Président de Paribas, apportant à la banque une dimension supplémentaire d’innovation et d’entreprise. En 1968, Paribas profite des nouvelles règles autorisant les rapprochements entre banques d’affaires et banques de dépôt pour prendre le contrôle du Crédit du Nord, après avoir fait une offre publique d’achat infructueuse sur le Groupe Crédit Industriel et Commercial.
Entre nationalisations et privatisations
En 1982, le nouveau gouvernement socialiste nationalise totalement la BNP, dont le personnel avait pu souscrire des actions de la banque à partir de 1973. Et les années 1980 se révèlent être une période de déréglementation et d’innovation financière. L’informatique commence à jouer un rôle majeur dans le service à la clientèle, avec la première consultation à distance des relevés de compte via le service Minitel – un premier réseau de type Internet inventé en France – et la BNP fait des efforts considérables pour rester en avance sur la concurrence dans le domaine de la technologie.
En 1989, la BNP a conclu une alliance stratégique dans le domaine de l’assurance avec l’UAP, qui a ensuite fait partie du groupe AXA. Dans la perspective du marché unique européen, la BNP a renforcé ses liens avec la Dresdner Bank dans les années 1990, en prenant des participations dans chacune des sociétés et en ouvrant des coentreprises communes, en particulier dans l’ancienne Europe de l’Est, comme en Pologne. La banque s’est cependant surtout fait connaître pour ses financements d’entreprises et de grands projets. Elle s’est imposée dans l’aéronautique et a également contribué au financement de deux projets européens emblématiques : Eurotunnel en 1986 et Euro Disney (aujourd’hui Disneyland Paris) en 1992. La banque est gérée de manière prudente, ce qui lui permet d’éviter le krach immobilier des années 1990.
Parallèlement, Paribas ouvre une grande salle des marchés à Londres en 1986, tandis que la Compagnie bancaire continue d’innover. En 1984, elle crée Cortal, qui est la première banque 100 % sans agence. En 1985, Cortal commence à proposer des comptes rémunérés, et en 1994, elle crée une boutique de SICAV (fonds communs de placement). Lorsque la politique gouvernementale change à nouveau, Paribas est reprivatisée en 1987, attirant un nombre record d’actionnaires individuels à son offre publique. La banque poursuit désormais un modèle économique fondé sur la banque d’affaires internationale et les financements spécialisés, ce qui l’amène en 1997 à se séparer de sa branche de détail, le Crédit du Nord.
En 1993, Michel Pébereau est nommé à la tête de la BNP avec pour mission de mener à bien la privatisation de la banque. Le succès est au rendez-vous. La BNP est la première banque à être son propre conseiller pour l’offre publique d’actions. Michel Pébereau se lance alors dans un véritable projet industriel.
L’année 1992 est celle de la mise en place du marché unique européen et le président de la BNP s’attache à créer une institution financière capable de faire face à cette nouvelle concurrence. Le réseau d’agences est modernisé et la gamme de produits mise à jour. À partir de 1997, la banque est accessible à ses clients via Internet. A cette époque, elle met également en place un processus sophistiqué de contrôle des risques.