Mai 68 et ses répliques
La BNP, comme l’ensemble du secteur bancaire, a été touchée par les événements de mai 1968. Mais c’est surtout une bombe à retardement qui explosera six ans plus tard, en 1974, quand le monde bancaire connaîtra « sa » révolution. De mai 68 au printemps 1974, retour sur le « mai » des banques.
Le secteur bancaire n’échappe pas à la vague de contestations qui touche la société française….

Deux ans après la fusion entre le Comptoir national d’escompte de Paris et de la Banque nationale pour le commerce et l’industrie, la BNP a survécu à son baptême du feu en mai 68. Elle en est même sortie grandie.

« Ces événements qui auraient dû apporter un trouble grave à une maison encore fragile eurent, au contraire, pour résultats de cimenter à tous les échelons l’union de deux communautés »
— Pierre Ledoux, ex-Président de la BNP,
Dialogue, 61, 1986. PER2198601EL
Les cicatrices de mai 68
Depuis mai 1968, le monde du travail à la banque a profondément changé.
En 1967, l’obligation faite aux banques de demander une autorisation avant d’ouvrir de nouveaux guichets est levée. En conséquence, le nombre de guichets bancaires a doublé entre 1966 et 1974. L’accélération de la bancarisation des Français ainsi que la diversification des activités bancaires contribuent également à imposer un rythme de travail plus soutenu pour les employés des banques.
Au premier chef des revendications : les salaires et notamment celui des femmes, moins bien payées que leurs collègues masculins. Les jeunes ne sont pas en reste : plus diplômés, ils se heurtent au management plus traditionnel et autoritaire des banques. Enfin, les anciens employés demandent eux aussi du changement, et ont gardé de mai 68 le réflexe de se mobiliser.

Des grèves éclatent ainsi en 1971, 1972 et 1973 et culminent au printemps 1974.
1974 : la violente réplique de mai 68
Au printemps 1974, le secteur bancaire a connu sa plus grave période de contestations sociales. Comme en mai 68, tout a commencé au siège de la Banque de France où la police est envoyée pour briser une occupation.

La grève se répand dans toutes les banques, sur l’initiative de la CFDT bientôt rejointe par la BNP et par les autres syndicats majoritaires dans la profession (FO, la CFTC et le SNB). Le mouvement dépasse largement les 15% de syndiqués, en mélangeant tous les types d’employés, jusqu’aux cadres.
À Paris, une grande manifestation rassemble entre 40 000 et 50 000 employés de banque venus de toute la France. « À bas les profits, augmentez nos salaires ! ».
Les grèves de 1974 reprennent massivement les codes de mai 68. À la BNP, les employés sont particulièrement investis dans leur comité de grève. À Paris, les sièges de la rue Bergère et de Barbès sont occupés, et le travail est interrompu à Marseille pendant 15 jours. Ce sont aussi des moments festifs, avec peu de violences malgré la présence de militants politiques extérieurs à la banque. Pendant l’occupation à Bergère, une troupe de marionnettistes fait le show !
Pour terminer, une conséquence inattendue de cette grève qui paralyse l’ensemble du monde bancaire : face à des agences déjà prises d’assaut par les piquets de grève, les gangsters sont au chômage !

Pour aller plus loin :
Quand les banquiers criaient « A bas les profits ! » | France Culture
