Le Minitel et la banque :
3615 Révolution
C’est en 1983 que les Français découvrent le Minitel, un terminal connecté visant à mettre l’informatique à la portée de tous. Canal de communication inédit, la technologie Vidéotex combine les possibilités de transmission et de dialogue du réseau téléphonique, les capacités de traitement et de mémoire des ordinateurs, ainsi que l’image des écrans. Pour les particuliers comme les entreprises, le Minitel ouvre de nombreuses perspectives : services à distance, évolution de la relation client, simplification des opérations bancaires et processus, innovations dans les domaines du crédit à la consommation, du marketing et de la communication… Comment la banque a-t-elle investi ce réseau numérique et quel rôle la télématique a t-elle joué dans son développement ? Les réponses avec votre distributeur d’anecdotes bancaires.
Écoutez la fabuleuse histoire du Minitel au sein des banques qui ont fait BNP Paribas
Ce podcast s’est nourri des témoignages de retraités de BNP Paribas, dont le recueil a été possible grâce à la précieuse contribution de l’Amicale des retraités de BNP Paribas.
Podcast Comme D.A.B
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Les anciens collaborateurs des équipes informatiques de la banque se remémorent leur expérience du Minitel
Si la documentation issue des archives historiques de BNP Paribas permet de retracer les temps forts de l’aventure télématique de la banque et de ses filiales, la mémoire des anciens membres des équipes IT du Groupe constitue un actif immatériel et précieux. Aussi, le département Archives & Histoire du Groupe a lancé un appel à témoignage auprès de l’Amicale des retraités de BNP Paribas, visant à recueillir les souvenirs marquants des hommes et des femmes qui ont participé à la construction des premiers services bancaires à distance. Retours d’experts vingt ans après la fin du boîtier gris.
La gestion des données et des communications sont des enjeux de taille, pour un métier telle que la Banque. C’est pourquoi, les banques ancêtres du Groupe et leurs équipes s’attachent à développer une offre télématique. Découvrez la sélection de témoignages d’anciens collaborateurs.
Le Minitel un outil de communication révolutionnaire…qui facilite le travail
“J’ai participé aux grands débuts de l’informatisation de nos services en tant qu’Organisateur au sein du Bureau Régional de l’Organisation (BRO) devenu ensuite AIF (Agence d’Information et de Formation) dépendant de la Direction de l’Organisation des Systèmes Informatiques (D.O.S.I.) Long passage de janvier
1988 à Avril1998.
Le minitel a été notre premier outil de communication bien avant Internet. Nous étions, la plupart du temps, en mission sur le quart Sud-Est de la France, plus Paris et sa couronne;
Nous nous trouvions donc éloignés de notre point d’attache situé à Ecully à l’Ouest de Lyon.
Nous utilisions donc le minitel pour consulter les messages de notre responsable et surtout notre planning de la ou des semaines à venir. […]
J’ai l’impression que c’était hier et la vitesse des avancées technologiques est vraiment stupéfiante !
Je m’entends encore dire à quelques participants à nos sessions de formation que dans quelques années nous pourrions nous connecter depuis notre voiture avec un ordinateur portable et communiquer de n’importe où ! Je ne savais pas que cela arriverait si vite.”
« Dans les mémoires du groupe BNP Paribas, il y a eu de nombreuses évolutions sur le plan technique et communication. D’abord, il y eu les « logabax », ces ordinateurs de première génération mis à la disposition des agences pour obtenir des informations sur listes.
Bien sûr, la Bretagne a été un fer de lance dans les communications avec ses grands centres de télécom (Lannion, Rennes, Cesson Sévigné). J’ai utilisé le Minitel à titre personnel et professionnel.
A l’époque, son usage était destiné à la gestion des portefeuilles clientèle, la fonction de Conseiller Clientèle de Particuliers – CCP – en 1984. Il y a eu des formations pour l’utilisation d’un site sur minitel auprès de Didot Bottin (impression annuaire téléphonique), pour la gestion des valeurs mobilières et l’obtention des cours de bourse des principales actions cotées. Cela se faisait en liaison avec ce que nous appelions en 1984/1985 « la Direction financière ».
Ensuite, à l’aide de leur Minitel, les agences communiquaient les résultats des produits bancaires vendus à leur succursale de rattachement. Avec les 3614, 3615… et autres identifiants qui permettaient d’obtenir le site souhaité (n° de téléphone, site des Entreprises etc…). Le Minitel a disparu en 1997 sur les sites de la banque (à un an près en fonction des installations informatisées). Il a été remplacé par internet même si le réseau Minitel devenait intéressant et se développait pour satisfaire et élargir les besoins de la banque. »
Service à distance, banque à domicile…les apports de la télématique à la relation client
“Mais le Minitel a également marqué le début de la dématérialisation des opérations bancaires auprès des entreprises avec le Téléservice BNP. Remises d’effets, exécution de virements à des tarifs plus avantageux qui compensaient largement les frais d’abonnement au service. ”
“Dans les années 90, j’ai eu la chance de connaître l’apparition du Minitel dans les foyers mais aussi dans les points de vente. Nous avions réservé à cet appareil révolutionnaire une place de choix sur le guichet ou sur une table bien en évidence. Moult animations tournaient autour de ce mini téléviseur à clavier. Au – delà de la curiosité que cela entraînait chez les clients, il y avait bien entendu un enjeu commercial puisqu’il s’agissait de vendre les premiers services ‘télématique’ aux particuliers.
J’ai une anecdote à ce sujet :
Un collègue commercial avait vendu les produits à une cliente de la campagne et lui avait suggéré d’aller retirer un Minitel à La Poste. A l’occasion d’un passage, il s’était proposé de mettre l’appareil en service et de montrer les différentes possibilités d’accès aux comptes. Lorsqu’il arriva chez la cliente, le Minitel trônait sur la table de la salle à manger tel un bijou inestimable.
Lorsque mon collègue a demandé où se situait la prise téléphonique, il eut cette réponse surprenante : – Ah mais nous n’avons pas le téléphone !!!!! ”
« J’ai été une grande utilisatrice du Minitel et j’ai eu tous les modèles à la maison car mon mari a été le chef de projet Minitel à la Direction informatique de la BNP.
Voici son témoignage :
« Avant le Minitel, il y a eu diverses expériences dont celle menée par France-Télécom fin 1980 sur la zone de Versailles-Velizy, nommée Teletel 3V.
2500 terminaux ont été distribués, tous portant un indicatif qui permettait de repérer quels services étaient utilisés, par qui, quand et pendant combien de temps.
Le terminal vidéotex se plaçait sous le téléviseur, relié par la prise péritel, ce qui rendait l’image en couleur. Une télécommande permettait de naviguer dans les services.
Parmi les services, on trouvait une messagerie, les banques, la presse, la SNCF, la vente par correspondance.
Au titre de la BNP, j’ai mis en place de l’information sur les produits, la consultation de comptes et la commande de chéquiers. […]
Le Minitel n’a pas résisté à la vague d’Internet et tous les services ont été arrêtés en 2012. »
« Entré au Crédit Universel en 1974, en tant que chef de projet (1974-1998), j’ai occupé différents postes successivement : responsable réseau (1975-1988), ingénieur système GCOS et UNIX (1976-1998), ingénieur système Unix (1998-2006), et chef de projet éditique-archivage (2006-2014) chez BNP Lease, devenu BNP Paribas Lease Group en 2000.
Je suis à l’origine du premier front office sur Minitel au Crédit Universel.
Informaticien, j’ai mis en place le cadre technique, mais aussi modifié le logiciel de temps réel TDS pour sécuriser et faire fonctionner les minitels, et mis en place les outils permettant de programmer les applications du front office, ayant moi-même mis en place, en tant que chef de projet (et programmeur puisqu’à l’époque l’un n’allait pas sans l’autre) la partie crédit et leasing des applications.
C’est l’apparition des nouveaux modes de communication en 1978, avec le DN7100 chez Bull, Transpac chez France Telecom, la notion de systèmes distribués appelée chez Bull DSA, qui va permettre l’arrivée des minitels, car à la grande différence des terminaux locaux, qui étaient tous connus par leur adresse dans le réseau interne, le minitel est un terminal anonyme, non enregistré dans la configuration du réseau, dont le nombre n’est pas connu, ni son adresse, car le numéro de téléphone de l’appelant est inconnu du réseau. »
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