L’affacturage, soutien de l’économie réelle

Temps de lecture : 8min Nombre de likes : 0 likes Mise à jour le : 21 Déc 2022
Plaquette BNP Factor, 1996 - Archives historiques BNP Paribas

Plaquette BNP Factor, 1996 - Archives historiques BNP Paribas

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L’affacturage, également appelé « factoring », trouve ses premières traces au XVe siècle, en France et en Angleterre. Mais il faut attendre les années 1960 pour voir cette technique de recouvrement de créances des entreprises se développer en France. Elle s’est depuis largement déployée avec l’action des banques et notamment de BNP Paribas, acteur majeur en Europe.

Le factoring : une technique ancienne

Le mot factoring trouve son origine dans le latin facere, qui signifie « faire ». Le factor ou facteur désigne celui qui « fait pour le compte de quelqu’un ». L’activité est tout d’abord pratiquée en Angleterre et en France, au XVe siècle. Jacques Cœur (1395/1400-1456), grand marchand et banquier français, faisait commerce depuis la Méditerranée jusqu’au Moyen-Orient. Pour développer ses affaires, il s’appuyait sur un large réseau de facteurs. Dans un premier temps, ces derniers avaient pour mission de vendre des marchandises pour le compte de producteurs.

Mais c’est aux Etats-Unis que se développe véritablement cette technique, du XVIIe au XIXe, à la faveur des échanges transatlantiques avec l’Angleterre. A la fin du XIXe, le factor devient « factoring » – le suffixe signifiant l’appropriation de l’activité par les factors américains. La dimension financière s’impose sur le rôle de dépositaire : le factoring désigne le rachat de créances d’une entreprise, ce qui lui apporte la trésorerie nécessaire à la poursuite de son activité. Une relation triangulaire est établie entre le factor qui rachète le crédit, le vendeur (client du factor) et l’acheteur (client du vendeur). Si le factoring croît aux Etats-Unis, il reste souvent limité au financement de l’industrie textile. Au XXe siècle, les factors américains mesurent la nécessité de développer leur activité en Europe. De fait, la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951 contribue à la croissance des échanges commerciaux. Ce marché recèle de belles possibilités et les factors américains entendent s’y faire une place.

Le tournant des années 1960

A partir des années 1960, les acteurs du factoring s’ancrent progressivement sur le vieux continent. A l’initiative de la First National Bank of Boston, la société International Factors Ltd est fondée en 1961 en Angleterre, première base logique en Europe. En 1963, la holding International Factors AG s’installe en Suisse. Ifitalia, première société d’affacturage italienne, est créée en 1963 par la Banca Nazionale del Lavoro (BNL). – qui rejoint le groupe BNP Paribas en 2006. En France, deux sociétés pionnières s’engagent : la Société française de factoring (1964) et Factofrance Heller (1966). En Belgique, KEFAM (Kempische Factormaatschappij) est créé en 1965 : renommé Belgo-Factor en 1974, il est aujourd’hui BNP Paribas Fortis Factor.
Mais la technique financière reste encore associée dans l’esprit public à des entreprises en difficulté. La connotation négative freine la croissance du factoring en France, comme en Italie, où l’on reste attaché aux formes classiques de financement à court terme, distribuées par les banques commerciales.

Le changement intervient dans les années 1970 : les grandes banques françaises s’intéressent progressivement au factoring et mesurent son potentiel, en tant que produit dédié aux entreprises. Car au-delà du rachat de crédit, la société d’affacturage gère les comptes clients et assure le recouvrement de créances. Pour exploiter ce nouveau marché, les banques créent des filiales ou services spécialisés.

Signe d’adoubement linguistique, le terme d’ « affacturage » est créé par l’arrêté du 29 novembre 1973. Admis dans la langue française, le procédé se développe dans tout le marché européen. Un cadre réglementaire s’établit progressivement en France, avec la loi Dailly de 1981 qui pose une base légale aux opérations d’affacturage, puis avec la loi bancaire du 24 janvier 1984. Cette technique entre enfin dans le champ des activités bancaires, officiellement.

L’essor du factoring

Si le factoring est parvenu à s’imposer en Europe, c’est en faisant la preuve de son adaptabilité. Les offres tendent à répondre au mieux aux besoins des entreprises. La bancarisation de la technique est un élément clé de son succès. Durant les années 1980, les contrats d’affacturage enregistrent une forte croissance. En France, le marché est dominé par les filiales des grands groupes bancaires, dont l’engagement va croissant.

Brochure d’Universal Factoring, filiale d’affacturage entrée dans le Groupe BNP en 1982
Brochure d’Universal Factoring, filiale d’affacturage entrée dans le Groupe BNP en 1982

Les banques représentent 91,9% des factors, pour 8,1% de sociétés indépendantes. BNP Paribas Factor est leader européen sur ce marché de plus en plus dynamique.
Depuis 2005, la France est deuxième en Europe sur le marché de l’affacturage et troisième au niveau mondial depuis 2008. Car la crise financière de 2008 a contribué à l’expansion du factor, désormais reconnu comme un soutien actif de l’entreprise. L’affacturage a trouvé sa place.

Siège social de BNP Paribas Factor à Rueil-Malmaison – Archives historiques BNP Paribas
Siège social de BNP Paribas Factor à Rueil-Malmaison – Archives historiques BNP Paribas


Pour aller plus loin :

Patrick de Villepin, La success story du factoring, Association pour l’histoire et la promotion du factoring, 2015, Paris

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