La Banque nationale pour le commerce et l’industrie (1932-1966)

Saran, bâtiment d’archives – Archives historiques BNP Paribas

Identification

  • Dates extrêmes : 1924-1986
  • Description physique : Archives papier, affiches, photos, imprimés
  • Volumétrie : 1890 en UA
  • Localisation physique : Dinan et ANMT pour quelques dossiers

Conditions d’accès et d’utilisation

  • Condition d’accès : communicable sur autorisation
  • Langue : Français
  • Caractéristiques matérielles et contraintes techniques :
    Outre les archives papier, nous conservons : des affiches, qui constituent la série AF, divisée en quatre sous-séries selon la taille des affiches ;
    une collection de photos, issue de plusieurs collections qui ont été réorganisées. Les photographies sont cotées « Fi » et réorganisées en plusieurs sous-séries au sein de la série Fi ;
    une bibliothèque, composée de monographies et publications en série;
    une collection de périodiques ;
    des objets, classés sous la série OB.

Contexte

La BNCI conserve longtemps ses archives dans ses propres locaux, à Paris comme en province ou dans ses filiales à l’étranger. La fusion de la banque avec le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) en 1966, toutes deux nationalisées, pour devenir Banque nationale de Paris (BNP) et la volonté gouvernementale de décentralisation dans les entreprises nationales vont modifier la politique de conservation. En juin 1971, un bâtiment d’archives intégralement dédié à cette activité de l’archivage est inauguré à Saran, dans le Loiret, par André Bettencourt, ministre de l’Aménagement du territoire. Ce bâtiment, conçu par les équipes architecturales de la banque, est spécialement dédié à la conservation des archives intermédiaires de la banque. C’est un ensemble de 20.000 m² de bâtiment, permettant le stockage de 450 kml d’archives.
Au tournant des années 2000, si la politique du groupe en termes de gestion de l’archivage est tournée vers l’externalisation, il en va différemment des archives historiques qui restent conservées en interne. Concentrées sur le site de Combs-la-Ville, les archives historiques sont ensuite transférées en 2020 sur le site de Taden, dans la banlieue de Dinan. Conservées dans les anciens coffres de conservation des titres, les archives historiques du groupe BNP Paribas sont ainsi gardées dans des conditions optimales.

Historique

Suite à la liquidation de la Banque nationale de crédit (BNC) en avril 1932, la nouvelle banque veut rassurer et montre par son nom qu’elle veut investir dans l’industrie et non plus seulement le commerce qui est encore en plein crise. L’ex-BNC est donc renommée en Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI), conservant une partie de son personnel, se situant dans le même siège social (16 boulevard des Italiens à Paris) et conservant la clientèle.

Son premier président, François Albert-Buisson, est choisi par le gouvernement. C’est l’ancien président du tribunal de commerce de la Seine. Mais le véritable animateur de la banque est Alfred Pose, premier directeur général (ancien directeur des études de la Société générale alsacienne de Banque à Strasbourg). Sous sa direction est entreprise une dynamique activité de réorganisation et de modernisation des structures.

Avec la mise en place progressive des premiers centres administratifs en province à partir de 1933, la BNCI inaugure des méthodes de travail novatrices : les tâches administratives sont désormais effectuées hors des guichets d’exploitation. Ainsi, la BNCI crée les premiers back offices (centres de traitement administratif) de banque, séparés des activités commerciales. Progressivement, la banque se dote de 8 centres administratifs régionaux, équipés d’un matériel permettant de traiter en série les opérations confiées aux guichets et de servir la clientèle beaucoup plus rapidement.

A partir de 1937 s’ouvre une phase d’expansion régionale. La BNCI accroît son réseau par une politique méthodique d’absorption de banques régionales ou locales, souvent en situation difficile : la Banque Renault à Nancy (1933), la Banque Adam (1937), la Banque des Alpes, la Banque du Dauphiné, la Caisse Commerciale de Saint-Quentin, le Crédit du Rhône et du Sud-Est. A la veille de la guerre, elle prend également le contrôle de la Banque Générale de Guyenne à Bergerac, la Banque Roque à Brive, la Banque Dastre à Saint-Gaudens. Ainsi, de 3 milliards de francs en 1932, le montant des dépôts de la clientèle atteint 10 milliards en 1940.

Le réseau de la BNCI commence à prendre son essor à l’international durant l’occupation allemande en France, après l’ouverture en 1938 d’une petite succursale à Londres, qui deviendra pendant la guerre un auxiliaire précieux pour le réseau français de la banque.

Alors que le conflit paralyse le développement en métropole, la BNCI se tourne vers l’outre-mer pour installer de nouvelles implantations. En 1940, la BNCI prend le contrôle d’un établissement local, la Banque de l’Union Nord-Africaine, rebaptisée BNCI-Afrique (BNCIA). La BNCI ouvre également des agences à Saint-Louis du Sénégal, Abidjan, Conakry, Brazzaville, Pointe-Noire, Bangui, Douala, Madagascar et la Réunion (acquiert en 1943 le Crédit foncier de Madagascar et de la Réunion, renommé « BNCI-Océan Indien en 1954), s’implante dans les Antilles. La BNCI se constitue ainsi un réseau international d’agences qui couvrira en une dizaine d’années tous les grands territoires français d’outre-mer, où elle profitera du développement de nombreuses activités générant des capitaux importants. Parallèlement, entre 1942 et 1944, une trentaine de sièges sont ouverts en Syrie, au Liban, alors sous mandat français, tout en poursuivant parallèlement l’expansion de la BNCIA depuis Alger.                                                                          

Après la libération, suite aux engagements du conseil national de la Résistance, les grandes banques de dépôt, dont la BNCI, sont nationalisées. La présence à l’étranger est poursuivie et passe désormais par une politique de filialisation, organisation plus souple qui s’avérera judicieuse lors de la décolonisation: en 1947, elle transforme sa succursale de Londres en filiale, sous le nom de British and French Bank. En 1943, elle reprend le Crédit foncier de Madagascar et de la Réunion, devenu BNCI Océan indien en 1954, la Banque internationale pour le commerce et l’industrie (BICI), présente au Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire et Sénégal et la Banque marocaine pour le commerce et l’industrie (BMCI).

Dans les années 1950, la BNCI renforce sa position sur le marché intérieur et s’ouvre aux comptes des particuliers (elle est en 1964, avec la Banque de l’Union parisienne, l’une des premières à créer une SICAV pour ses clients). Elle n’abandonne cependant pas l’international : en 1953 une partie de ses services se spécialise dans le conseil aux investisseurs et entrepreneurs français qui prospectent de nouvelles ressources ou marchés dans les pays du Sud, créant même en 1958 une filiale spécialisée : la Société pour le développement international du commerce et de l’industrie (INTERCOMI). A la veille de sa fusion avec le CNEP, en 1966, la banque compte 1050 guichets en France, deux fois plus qu’en 1945, et est la première banque en France par l’étendue de son réseau hors métropole, comptant une présence dans 40 pays, « aux 4 coins du monde ». C’est l’établissement financier le plus dynamique de l’après-guerre, un groupe à la tête de 23 filiales. Il intervient sur l’ensemble des marchés de la finance et de l’argent

Le 4 mai 1966, le ministre des Finances Michel Debré annonce la fusion de la BNCI avec le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) en un nouvel établissement qui prendra le nom de Banque nationale de Paris (BNP). La BNP naît dotée d’un puissant réseau international, devenant la première banque française pour son total de bilan, la seconde en Europe et septième dans le monde financier. Sa direction est confiée à un tandem composé de Pierre Ledoux, ancien directeur général de la BNCI, qui devient le nouveau directeur général, tandis que Henry Bizot, ancien président du CNEP, la préside.

Sources complémentaires

Fonds conservés aux Archives nationales du monde du travail (ANMT) 

Présentation du contenu :

Le fonds contient uniquement les archives provenant de la section d’études et de documentation du contentieux de la BNP.

155 AQ 1Création de la banque en 1932 et transfert à la BNP : circulaires et historiques (1932-1968). Statuts, rapports imprimés aux assemblées générales (1932-1937).1932-1968
155 AQ 2Contrôle des changes.1933-1966
155 AQ 3-5Seconde Guerre mondiale. Législation sur les banques, mouvements de fonds internationaux, biens bloqués ou séquestrés, affaire de Dietrich et Cie à Niederbronn (Bas-Rhin), dommages de guerre.1939-1967
155 AQ 6Reprises de banques privées par la BNCI : BNC, Adam et une trentaine d’établissements.1925-1960
155 AQ 7-8Filiales et participations en France et à l’étranger : statuts, rapports, coupures de presse, circulaires et correspondance.1919-1966

Bibliographie

C-A. LUCAS, P. PASCALLON, Albert-Buisson, un destin au XXe siècle (1881-1961), Paris, L’Harmattan, 475 p.

C. TISSIER-DAUPHIN, L’histoire d’une entreprise, la Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie, 18 avril 1932 – 30 juin 1966, 1975, Mémoire de maîtrise.

F. TORRES, Une banque moderne. Histoire de la BNP et de ses deux maisons-mères, Public Histoire, 1992, Paris, tome 1.

P. FLEURIOT , L’histoire de la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI), 1975, 80 p.

N. ICHOU-COUSSEMENT , Les employés de banque du CNEP et de la BNCI : parcours de travail et temps de vie (1848-1970), thèse de doctorat.