BNP Paribas Fortis à Londres : un engagement discret mais décisif pendant la Seconde Guerre mondiale

Mise à jour le : 15 Mai 2025
Visuel Bbe
Banque belge pour l’Etranger (BBE), Bishopsgate, Londres, Archives historiques BNP Paribas Fortis

Installée à Londres entre 1940 et 1944, la Banque Belge pour l’Étranger (BBE), ancêtre de BNP Paribas Fortis, a joué un rôle clé dans le soutien aux Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. À travers ses activités financières, et grâce à l’engagement de ses employés, elle incarne l’un des visages méconnus de la résistance belge en exil.

Un pôle stratégique hors Europe occupée

En pleine tourmente du second conflit mondial, la BBE se réorganise depuis la capitale britannique. Les locaux de sa filiale, BBE Overseas Ltd, accueillent aussi la Banque du Congo Belge. Ensemble, ces institutions deviennent le relais financier de la Société Générale de Belgique en dehors du continent occupé.

Dès juin 1940, la Banque du Congo Belge s’engage aux côtés de la Banque d’Angleterre pour financer, en devises internationales, toutes les importations britanniques en matières premières en provenance du Congo belge. Ces flux sont vitaux pour l’économie de guerre du Royaume-Uni, qui dépend alors largement des ressources issues de ses partenaires du Commonwealth et de ses alliés.

Une présence au service de la Belgique en exil

La Grande-Bretagne accueille non seulement les institutions financières belges, mais aussi une partie du gouvernement belge en exil. Tout comme durant le premier conflit mondial, la BBE joue un rôle central dans la coordination des opérations financières et dans la solidarité avec les réfugiés. Elle soutient les œuvres de guerre, aide les Belges en exil et participe aux efforts logistiques permettant à la Belgique occupée de subsister — en lien, notamment, avec la Commission for Relief in Belgium (CRB).

L’héroïsme d’un employé ordinaire

Ce soutien ne se limite pas à des actions institutionnelles. Il se prolonge dans le parcours individuel de certains employés de la banque, à l’image de George-Albert Cairns.

Ce jeune correspondant bilingue, entré à la BBE en 1931, est mobilisé et envoyé en Birmanie après son mariage en 1941. Il y rejoint la 77e Brigade d’Infanterie indépendante dans le cadre des opérations spéciales britanniques. Le 13 mars 1944, alors qu’il participe à une attaque contre les forces japonaises retranchées à Henu Block, Cairns est gravement blessé au bras par un officier ennemi. Refusant de céder, il parvient à abattre son agresseur, à poursuivre le combat avec son arme et à galvaniser ses camarades.

Son action, d’un courage exceptionnel, permet la prise d’une position stratégique.

Il succombera à ses blessures, après s’être enquis du sort de la mission auprès de son supérieur.

Son acte, reconnu comme un modèle de bravoure, lui vaudra la Victoria Cross à titre posthume en 1949. Il reste l’un des seuls, sinon le seul, employé de banque à avoir reçu cette distinction dans l’histoire britannique.

Un devoir de mémoire

En mai 1950, la BBE inaugure dans ses locaux un mémorial en l’honneur de George-Albert Cairns, en présence de représentants de la Société Générale de Belgique.

« Un acte de bravoure qui ne pouvait être le fait d’un insouciant ou d’une inspiration soudaine mais plutôt la conséquence logique d’une vie de travail et d’un caractère solidement trempé. »

Hommage rendu à George-Albert Cairns par la Société Générale de Belgique, 1950

Par cet hommage, la banque rend visible un pan discret mais essentiel de son histoire : celui d’une institution financière mobilisée au service d’un pays envahi, et d’hommes qui ont su faire preuve d’un courage exemplaire.

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