Comment BNP Paribas s’est implanté au Japon (2/3): projets avortés de Paribas

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Mosaique de photos en Asie - Histoire BNP Paribas

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Bien avant la France, le Comptoir d’Escompte de Paris ouvre une agence au Japon en 1867 pour soutenir l’expansion économique française en Extrême Orient.  Mais les velléités impérialistes du pays du Soleil Levant dans la région de l’Asie de l’Est vont décourager, et freiner, pendant près d’un demi-siècle la volonté de la Banque de Paris et des Pays-Bas de s’y ancrer, en dépit des prometteuses perspectives économiques offertes par le pays. Il faudra attendre les années soixante pour que la BNP et Paribas ne s’y installent de manière pérenne.

Projets d’incursion avortés par la Banque de Paris et des Pays-Bas

Durant les deux premières décennies du XXe siècle, La Banque de Paris et des Pays-Bas effectuera deux missions d’évaluation économique au Japon, largement soutenues par les autorités locales.

Les relations entre la France et le Japon se normalisent et se formalisent avec la signature du traité franco-japonais de 1907. Cette même année, Eugène Goüin, président de la banque de Paris et des Pays Bas, mandate Horace Finaly, à l’époque sous-directeur de la banque, pour effectuer une mission exploratoire au Japon en vue d’étudier la situation économique et financière locale, et nouer les liens nécessaires à une possible implantation . Il est accompagné d’André Goüin, le petit-fils du président, et Lacombe, un ingénieur des Ponts et Chaussées. Cette mission, très attendue au Japon, est largement relayée par la presse.

Portrait d’Eugène Goüin (1818-1909) par Aimé Morot – Archives historiques BNP Paribas
Portrait d’Eugène Goüin (1818-1909) par Aimé Morot – Archives historiques BNP Paribas
Horace Finaly (1871-1945), Archives historiques – BNP Paribas
Horace Finaly (1871-1945), Archives historiques – BNP Paribas

Soutenu activement par l’ambassadeur de France au Japon, Finaly y entrevoit dans un premier temps un énorme potentiel, qualifiant le Japon de « monstre économique » , et orientant la réflexion vers le financement d’opérations industrielles.
Mais Horace Finaly quitte le Japon en novembre 1907, suivi d’André Goüin six mois après. La bonne volonté et les espoirs suscités par l’idée d’une coopération franco-japonaise ne sont pas suivis d’effet. En effet, à partir de janvier 1908, un courant peu favorable aux affaires avec le Japon sévit , et aussi bien Finaly qu’André Goüin deviennent de plus en plus sceptiques quant à l’opportunité de développer des affaires avec le pays . C’est la Société Générale qui participe à la création d’une banque franco-japonaise, créée à Paris en 1912.

Une dizaine d’années plus tard, la question d’une implantation au Japon est de nouveau posée. Paul Claudel, ambassadeur de France de 1921 à 1927 au Japon, sera un fervent promoteur d’une coopération financière et économique franco-japonaise. Dans une lettre datée du 2 avril 1924 et adressée à Horace Finaly, devenu directeur de la banque de Paris et des Pays Bas, il propose une analyse des situations géopolitique et économique du pays .

Lettre manuscrite de Paul Claudel à Horace Finaly, 2 avril 1924 – Archives historiques BNP Paribas
Lettre manuscrite de Paul Claudel à Horace Finaly, 2 avril 1924 – Archives historiques BNP Paribas
 

A l’époque, en plein entre-deux guerres, en s’affirmant comme la plus grande puissance de l’Extrême-Orient, le Japon se retrouve isolé suite à une politique hostile des Etats-Unis et de l’Angleterre à son égard, et est tenté de reprendre ses relations d’avant-guerre avec l’Allemagne. C’est dans ces conditions que Paul Claudel se propose de développer les relations franco-japonaises, « c’est le moment d’offrir nos bons offices », écrit-il, et lutter par la même contre la propagande germanique.
Pour ce rapprochement, il considère comme nécessaire un renforcement des rapports économiques entre l’Indochine et le Japon. Une mission, qualifiée d’« éblouissante », avait été envoyée en mai 1924 avec le gouverneur d’Indochine, M. Merlin, pour consolider la relation triangulaire de ces trois pays. Dans un second temps, Claudel envisage comme indispensable la venue d’une mission économique, accompagnée par un « représentant » de la banque de Paris et des Pays Bas, et qui représenterait « l’ensemble de nos intérêts » (français). Ceci, afin d’installer une banque française dans un pays, « isolé à l’autre bout d’un continent à demi civilisé, perdu dans l’Océan, comme une espèce de Robinson, (qui) ne peut se passer d’un correspondant étranger », et d’être au centre des relations économiques franco-japonaises, notamment dans le milieu de la métallurgie.

Art and Picture Collection, The New York Public Library. « Ginza Street, looking north, Tokyo. » The New York Public Library Digital Collections. 1921.
Art and Picture Collection, The New York Public Library. « Ginza Street, looking north, Tokyo. » The New York Public Library Digital Collections. 1921.

Si cette lettre a été lue et annotée par Horace Finaly le 21 juillet 1924, elle restera sans suites, selon toute vraisemblance pour cause d’avis défavorable donné par l’Office national du Commerce extérieur . Il faudra attendre les années soixante pour qu’enfin BNP et Paribas ouvrent des représentations au pays du Soleil Levant.



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