Comment BNP Paribas s’est implanté au Japon (1/3): les premières tentatives du CEP

Temps de lecture : 7min Nombre de likes : 0 likes Mise à jour le : 5 Avr 2023
Mosaique de photos en Asie - Histoire BNP Paribas

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Bien avant la France, le Comptoir d’Escompte de Paris ouvre une agence au Japon en 1867 pour soutenir l’expansion économique française en Extrême Orient.  Mais les velléités impérialistes du pays du Soleil Levant dans la région de l’Asie de l’Est vont décourager, et freiner, pendant près d’un demi-siècle la volonté de la Banque de Paris et des Pays-Bas de s’y ancrer, en dépit des prometteuses perspectives économiques offertes par le pays. Il faudra attendre les années soixante pour que la BNP et Paribas ne s’y installent de manière pérenne.

Premières tentatives d’implantation du Comptoir d’Escompte de Paris au Japon

Bien avant l’ouverture d’agences dans les grandes villes françaises, le Comptoir d’Escompte fait le choix d’une implantation au Japon, afin de soutenir l’économie nationale.

Après plus de deux siècles d’isolement, le Japon s’ouvre peu à peu vers l’extérieur à partir des années 1860.

La signature du traité de commerce et de navigation conclut entre le Japon et les Etats-Unis en 1859, la conclusion du traité de libre-échange entre la France et la Grande-Bretagne en 1860, et enfin une pétition de notables français résidant à Yokohama adressée au représentant de la France, sonnent comme une évidence pour le Comptoir d’Escompte de Paris : soucieux de faciliter et de financer les importations de sa clientèle française, mais aussi de concurrencer les Anglais très actifs en Extrême-Orient, il décide en 1866 de s’installer à la source même de ces importations pour répondre à ces nouveaux courants d’échanges, bien avant de créer ses agences à Marseille ou Lyon.

Ainsi, en 1867 est ouverte une succursale dans le port de Yokohama, dépendant de la filiale de Shanghai qui existe depuis 1860. Yokohama est un port extrêmement actif et une ville ouverte et cosmopolite, où réside une grande communauté chinoise. Par ailleurs, les deux villes seront reliées à la fin des années 1860 par une ligne maritime annexe, via la mer intérieure du Japon.

Art and Picture Collection, The New York Public Library. « Bunb [i.e., Bund] of France town in Shanghai. » The New York Public Library Digital Collections. 1901 – 1907
Art and Picture Collection, The New York Public Library. « Bunb [i.e., Bund] of France town in Shanghai. » The New York Public Library Digital Collections. 1901 – 1907

L’ouverture des contacts entre la France et le Japon coïncide avec une série de catastrophes sanitaires en Europe, et l’industrie de la soie, centrée sur la ville de Lyon, est dévastée par diverses pandémies du ver à soie. À partir de 1860, la présence de commerçants de soie de Lyon est attestée à Yokohama, d’où ils expédient immédiatement de la soie grège et des œufs de vers à soie en France. En effet, la France est contrainte d’importer 84 % de ses soies brutes : les vers à soie du Japon s’avèrent être les seuls capables de résister aux maladies européennes et la soie grège est de meilleure qualité sur le marché mondial. La France en devient le premier importateur, absorbant plus de 50 % de la production japonaise entre 1865 à 1885. En 1875, Lyon est devenu le centre mondial de la transformation de la soie et Yokohama, le principal fournisseur de la matière première.

Art and Picture Collection, The New York Public Library. « Yokohama. » The New York Public Library Digital Collections. 1901 – 1907.
Art and Picture Collection, The New York Public Library. « Yokohama. » The New York Public Library Digital Collections. 1901 – 1907.

A partir de 1872, Yokohama devient une filiale à part entière du Comptoir d’Escompte de Paris, mais sera fermée en 1877, puis ré-ouverte en 1884 pour être définitivement fermée en 1893.

Les années 1885-1895 sont marquées par le conservatisme et le nationalisme au Japon, et signent un certain déclin de l’influence française. L’archipel cherche également à la fin du siècle à s’imposer en Asie de l’Est, comme en témoigne la guerre sino-japonaise (1894-1895). Avec la victoire du Japon, le gouvernement français s’inquiète pour la première fois des intentions de l’archipel pour sa colonie en Indochine. Suivent la colonisation de Taiwan (à partir de 1895), puis de la Corée (à partir de 1905), l’alliance anglo-japonaise (1902) et la victoire japonaise dans la guerre russo-japonaise (1904-1905), marquant l’entrée du Japon parmi les puissances impérialistes modernes.



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