La Carte Bleue, une success story française
Le lancement de la Carte Bleue compte parmi les plus grandes innovations du secteur bancaire au cours des dernières décennies. Créée en 1967, la carte a connu bien des difficultés avant de s’imposer en France. BNP Paribas a participé à cette aventure depuis son commencement, avec conviction. Il en fallait.
Les débuts de la Carte Bleue
La Carte Bleue française est née d’une inspiration. Celle suscitée par la Chase Manhattan Bank notamment où, dès la fin des années 1950, le système de carte de crédit est développé. Les banques commerciales françaises s’intéressent à ce concept et amorcent une collaboration en 1965 pour la création d’une carte de paiement. Après deux ans de réflexion et de travail, la Carte Bleue est lancée par 5 grands établissements bancaires : la Banque nationale de Paris (BNP), le Crédit lyonnais, la Société générale, le Crédit commercial de France et le Crédit industriel et commercial. Le groupement adopte un logo constitué des deux lettres
« CB », réalisé par l’illustrateur Chourgnoz. Quant à la couleur bleue, elle a été retenue pour son évocation de l’immensité céleste. Elle est aussi un clin d’œil au maillot de l’équipe de France de rugby dans les matchs internationaux. De fait, c’est bien une épopée française qui démarre en 1967 !
Un accueil méfiant
A cette période, les pouvoirs publics souhaitent voir la France rattraper son retard dans les technologies de l’information. On entend promouvoir une informatique à la française. Pour autant, la Carte Bleue est accueillie avec méfiance par les commerçants. La première année, seuls 12 000 d’entre eux adoptent ce système de paiement. Les commissions prélevées par les banques à chaque opération sont très mal perçues. Le développement de la CB est lent. En 1970, 40 000 commerçants l’ont adoptée et l’on compte 400 000 porteurs en France. Les distributeurs automatiques de billets (DAB), créés en 1968 avec des cartes spéciales préchargées, favorisent progressivement son intégration dans le quotidien des Français. En 1971, les DAB acceptent les cartes de paiement avec piste magnétique. Les équipes commerciales des banques émettrices s’engagent pour mieux convaincre les commerçants, alliés indispensables du développement de la carte. La sécurité de paiement est soulignée. Le 1er avril 1974, une Carte Bleue internationale est lancée, en plus du système national. Elle permet de régler ses achats et d’effectuer des retraits à l’étranger.
L’interbancarité, une réussite française
Pour renforcer la position de la Carte Bleue, l’interbancarité est nécessaire. Car à la fin des années 1970, trois cartes différentes coexistent en France : la Carte Bleue, la Carte Verte du Crédit Agricole et l’Intercarte proposée par le Groupe des Banques populaires. Or les systèmes ne sont pas compatibles chez les commerçants, rattachés à l’un ou l’autre dispositif. Après d’intenses négociations, les Banques populaires puis le Crédit agricole rejoignent le Groupement Carte Bleue en 1984. La carte y gagne une couleur verte qui se mêle au bleu…. Un Système national de paiement par carte (SNPC) est créé. C’est une première mondiale. Il est désormais possible, pour tous les porteurs des différentes cartes, de faire des paiements et retraits où ils le souhaitent. La CB peut alors poursuivre son développement, jusqu’à devenir, en 2003, le premier moyen de paiement français. La carte à puce, adoptée en 1985, renforce la sécurité. Les Etats-Unis vont attendre 2015 pour en généraliser l’usage….
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