Accueil / Nos fonds en un coup d’oeil / Archives du Comptoir national d’escompte de Paris (1848-1966) Archives du Comptoir national d’escompte de Paris (1848-1966) Saran, archives, 1971, Archives historiques BNP Paribas Identification Dates extrêmes : 1888-1976Description physique : Papier, affiches, photos, imprimésVolumétrie : 2383 en UALocalisation physique : à l’exception de quelques articles conservés au ANMTR, l’intégralité des fonds se trouve à Dinan (Côtes d’Armor). Contexte Le CNEP conserve longtemps ses archives dans ses propres locaux, à Paris comme en province ou dans ses filiales à l’étranger. La fusion de la banque avec la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI), en 1966, toutes deux nationalisées, pour devenir Banque nationale de Paris (BNP), et la volonté gouvernementale de décentralisation dans les entreprises nationales vont modifier la politique de conservation. En juin 1971, un bâtiment d’archives intégralement dédié à cette activité de l’archivage est inauguré à Saran, dans le Loiret, par André Bettencourt, ministre de l’Aménagement du territoire. Ce bâtiment, conçu par les équipes architecturales de la banque, est spécialement dédié à la conservation des archives intermédiaires de la banque. C’est un ensemble de 20.000 m² de bâtiment, permettant le stockage de 450 kml d’archives.Au tournant des années 2000, si la politique du groupe en termes de gestion de l’archivage est tournée vers l’externalisation, il en va différemment des archives historiques qui restent conservées en interne. Concentrées sur le site de Combs-la-Ville, les archives historiques sont ensuite transférées en 2020 sur le site de Taden, dans la banlieue de Dinan. Conservées dans les anciens coffres de conservation des titres, les archives historiques du groupe BNP Paribas sont ainsi gardées dans des conditions optimales. Zones des conditions d’accès et d’utilisation Condition d’accès : communicable sur autorisationLangue : FrançaisCaractéristiques matérielles et contraintes techniques :Outre les archives papier, nous conservons : des affiches, qui constituent la série AF, divisée en quatre sous-séries selon la taille des affiches ;une collection de photos, issue de plusieurs collections qui ont été réorganisées. Les photographies sont cotées « Fi » et réorganisées en plusieurs sous-séries au sein de la série Fi ;une bibliothèque, composée de monographies et publications en série ;une collection de périodiques ;des objets, classés sous la série OB. Historique Après la crise économique de 1847, qui a vu la faillite de 829 établissements bancaires entre 1846 et 1848, et l’effervescence révolutionnaire de février 1848, les marchés de l’argent sont paralysés. Le paiement comptant se substitue au crédit-fournisseur et à l’escompte commercial. Devant cette situation, des mesures d’urgence s’imposent en vue de réanimer le commerce. Le gouvernement provisoire, dirigé par Louis-Antoine Garnier-Pagès, décide la mise en place, par décret, de comptoirs d’escompte ou banques locales de crédit à court terme pour enrayer le blocage bancaire et la récession des années 1845-1848. La création des Comptoirs d’escompte, établis au niveau des départements français, réunissent l’Etat, les municipalités et les milieux d’affaires. 66 comptoirs voient le jour, parmi lesquels le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP), crée par décret le 10 mars 1848. Société au capital social de 20 millions de francs, le CNEP est constitué pour un tiers en numéraire par les associés souscripteurs, principalement ceux de la corporation des libraires et éditeurs, pour un tiers en obligations par la Ville de Paris, pour un tiers en bons du Trésor par l’État. La loi du 10 juin 1853 autorise la transformation des Comptoirs d’escompte de 1848 en sociétés anonymes, « sans aucun concours ou garantie de la part de l’Etat, des départements ni des communes ». Onze comptoirs, dont celui de Paris, suivent cette direction et deviennent des sociétés privées. Le CNEP est libéré définitivement de la tutelle et de la participation de l’Etat et devient le Comptoir d’Escompte de Paris (CEP) en juillet 1854. Le CEP se consacre au métier de l’escompte et définit à sa création une stratégie de croissance et d’appui au négoce dans l’ensemble de ses opérations, par un élargissement de ses activités et de ses zones d’intervention. Le décret du 25 mai 1860 permet au Comptoir de fonder des agences dans les colonies françaises et à l’étranger. Par ailleurs, la signature en 1860 du traité de libre-échange avec la Grande-Bretagne favorise le déploiement du grand commerce. Ainsi, le CEP va connaître un développement international rapide qui en fait la première banque française ayant créé, ex nihilo, un réseau d’agences à l’étranger. A partir de 1860, le Comptoir installe des points d’appui bancaires le long des axes d’échange les plus intenses ou les plus prometteurs dans le pourtour de l’Océan Indien et en Extrême-Orient : sont ouvertes des agences à Shanghai et Calcutta (1860), la Réunion, Bombay, Hong- Kong et Saigon puis Londres, Yokohama (1867), San Francisco et Alexandrie (1877), Melbourne, Sydney (1881), Madagascar (1885). On parle de « French Bank » en Orient. C’était une volonté affichée de concurrencer sur leur propre territoire les banques et le commerce britanniques, dont les entreprises françaises, exportatrices et importatrices, veulent s’affranchir : les premières agences ouvertes le sont dans les zones d’influence anglaise. Mais c’est aussi un moyen de trouver de nouvelles zones d’approvisionnement pour l’Europe, qui connaît dans les années 1860 une véritable pénurie de coton du fait de la guerre de Sécession aux Etats-Unis. Ce n’est qu’à partir de 1867 qu’est ouverte la première agence provinciale à Nantes, qui entretient d’étroites relations avec les Antilles. Viennent ensuite Lyon (1868), capitale de la soie et Marseille (1869), ville coloniale. Ces ouvertures dans des métropoles commerçantes servent de relais entre la production française et le reste du monde. A la veille de la guerre de 1870, le CEP est la première banque française. L’escompte reste sa principale activité, mais parallèlement, il voit l’augmentation des dépôts et des activités liées aux agences. Mais face à la débâcle générale du pays après la défaite française de 1870, les opérations du CEP sont ralenties essentiellement à cause de la crise monétaire en 1871. La nomination d’Edouard Hentsch à la direction du CEP en 1874 va transformer, temporairement, le Comptoir, orientant ses activités vers les grandes affaires industrielles et financières. Le Comptoir devient ainsi une banque mixte drainant d’importants capitaux. En 1887, face à la détérioration du climat économique pour le Comptoir en Extrême-Orient, conséquence directe de la crise de l’industrie de la soie lyonnaise, de divers conflits en Extrême-Orient et de la crise financière de 1883, le CEP se voit entraîné dans des opérations hasardeuses sur le cuivre : on découvre que la banque a financé l’industriel Eugène Secrétan, provoquant la plus grande spéculation de l’histoire de la production du cuivre. Elle a aidé sa Société des Métaux, via des nantissements d’environ une soixantaine de millions de francs, qui lui ont permis de contrôler d’importants stocks de cuivre. Par une alliance avec les producteurs anglais, américains, suédois et espagnols, qui lui assurent trois ans de production et l’équivalent de l’offre mondiale, soit 540 000 tonnes, l’industriel a tenté d’effectuer d’énormes plus-values, avec l’accord du Président du conseil d’administration du Comptoir, Édouard Hentsch, associé de Hentsch frères. Malheureusement, la production a continué, le marché s’est ralenti pour combattre cette hausse factice et les prix du cuivre se sont effondrés. Face à la défiance de plus en plus massive des clients qui viennent récupérer leurs avoirs, et suite au suicide du directeur Eugène Denfert-Rochereau, le CEP doit être mis en liquidation. Le Ministre des Finances, Maurice Rouvier, conscient que la fermeture du Comptoir met en péril tout le système financier, décide de lui venir en aide. La Banque de France se porte garante d’une avance de cent millions de francs (0,5 % du PIB d’alors) à la demande du gouvernement pour pouvoir assurer aux épargnants et investisseurs le retrait de leurs avoirs. Elle demande en échange la remise de son portefeuille, et un engagement de 20 millions de francs des autres banquiers. Les cours de la banque sont divisés par dix. La liquidation amiable du Comptoir d’escompte de Paris devient nécessaire en avril 1889, un mois avant le début de l’Exposition universelle de Paris. Il est exigé des administrateurs une contribution financière sur leurs fortunes personnelles, plusieurs d’entre eux étant poursuivis en correctionnelle pour faux bilans et accaparement. Grâce à son réseau et son savoir-faire international, il est décidé de reconstituer le CNEP, qui renaît en juin 1889, héritant de la clientèle du CEP. C’est Alexis Rostand, ancien directeur de l’agence de Marseille, qui en prend la direction. La banque se métamorphose en grande banque de dépôts et reste très active à l’étranger et en France : elle participe en 1919 à la création de la French American Banking Corporation (FABC), symbole de l’implantation de l’établissement aux Etats-Unis. Parallèlement, elle élargit ses sphères d’influence à l’Afrique du Nord (en 1893 en Tunisie, à partir de 1897 installe plusieurs agences au Maroc). En France, l’établissement bancaire prospère, faisant croître son réseau national et participant à de nombreuses émissions sur le marché de Paris : en 1913, il se classe parmi les six premiers par sa capitalisation à la Bourse de Paris. Malgré la crise de 1929 et la Seconde guerre mondiale, durant laquelle il participe aux emprunts, il est, au sortir du conflit, la troisième banque de dépôts française et possède alors 530 agences et succursales. Le CNEP œuvre très activement à l’industrialisation de la France, en établissant des liens avec de nombreuses entreprises en expansion. Cela concerne les sociétés dans le domaine des transports publics, de l’électricité, du gaz, les industries minières et métallurgiques. Ainsi, pour répondre aux besoins de crédit à moyen terme, le Comptoir participe à la création du Crédit national et crée, à parité avec le Crédit lyonnais, l’UCINA (Union pour le crédit à l’industrie nationale) en 1919. A la libération, le CNEP fait partie des 4 grandes banques de dépôt nationalisées (avec la BNCI, le Crédit lyonnais et la Société générale) par le ministre des Finances René Pleven (loi du 2 décembre 1945). De 1945 à 1966, le CNEP maintient les grandes lignes de sa stratégie définie dans l’entre-deux guerres : implantation sélective de ses sièges, centralisation des opérations administratives et comptables. En 1966, il compte 733 agences en province et plus de 100 en Ile de France, soit pratiquement le double qu’en 1946 (441). A l’étranger, il reste implanté en Angleterre, aux Etats-Unis, en Belgique, en Inde et Australie. En 1966, sur décision du ministre des Finances Michel Debré, le Comptoir national d’escompte de Paris fusionne avec la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) pour donner naissance à la Banque nationale de Paris (BNP). Le pouvoir revient à Henry Bizot, président du CNEP, nommé président du nouvel établissement, et à Pierre Ledoux, directeur général de la BNCI, qui devient directeur général de la BNP. Sources complémentaires Bibliographie Comptoir national d’escompte de Paris, 1930, brochure de 20 p. N. STOSKOPF, « La fondation du Comptoir national d’escompte de Paris, banque révolutionnaire (1848) », HES, 2002, volume 21, numéro 3, pp. 395-411 N. STOSKOPF, Alphonse Pinard et la révolution bancaire du Second Empire, 1998, HES, 20 p F. TORRES, Une banque moderne. Histoire de la BNP et de ses deux maisons-mères, Public Histoire, 1992, Paris, tome 1 F. TORRES, Banquiers d’avenir. Des comptoirs d’escompte à la Naissance de BNP Paribas, 2000, Albin Michel. G. DE LASSUS (dir.), The History of BNP Paribas in India, 1860-2010, BNP Paribas India, 2010, 116 pp. R. HENTSCH, Banquiers à Genève et à Paris au XIXe siècle, 1996, 318 p. C. BELOT-RONZON, « Alexis Rostand (1844-1919), musicien et banquier », Provence historique, tome 54, fascicule 216, 2004, pp. 195-228, H. BONIN, « Le comptoir national d’escompte de Paris dans l’entre-deux-guerres », Etudes et Documents IV, CHEFF, 1992, p. 292-299 H. BONIN, « Le Comptoir national d’escompte de Paris, une banque impériale (1848-1940) », Revue française d’histoire d’outre-mer, 1991, Volume 78, Numéro 293, pp. 477-497. Plus particulièrement, pp. 486-493 N. ICHOU-COUSSEMENT, Les employés de banque du CNEP et de la BNCI : parcours de travail et temps de vie (1848-1970), thèse de doctorat V. A. NGUYEN, La vie boursière du Comptoir National d’Escompte de Paris, 184-1945, mémoire