Transcription du Podcast Comme DAB – Episode n°3 Opératrices mécanographes : Ces femmes qui ont transformé le système bancaire

Ces femmes au cœur des mutations technologiques de la banque : les opératrices mécanographes

Dès le début du siècle dernier, leur implication et leur expertise dans la transformation des méthodes de travail opérées par les banques, font d’elles des icônes de la révolution mécanique et du traitement de l’information de masse.
Entre les deux Guerres mondiales, les femmes représentent plus d’un tiers de la population active. Elles deviennent ainsi des actrices majeures de ces métamorphoses technologiques qui s’opèrent et notamment celle de la mécanographie. Dès la fin du XIXe siècle, on assiste à l’émergence de la mécanographie en France. Appliquée initialement à la statistique publique, les usages pour le secteur bancaire se développent dès les années 1920. On utilise alors des machines électro-comptables innovantes provenant des Etats-Unis, notamment de chez IBM.
Toutefois, c’est après-guerre, à partir de 1950, que la mécanographie connaît son véritable âge d’or.

A l’origine le terme désigne l’emploi des machines à écrire mais devient tout naturellement à cette époque, un terme générique qui englobe toutes les machines de bureau destinées principalement à la comptabilité.
Parmi elles, la machine à cartes perforées qui est certainement l’une des plus communes et des plus avancées, représente alors une immense plus-value dans la gestion des tâches.
Il s’agit d’un support de mémoire réutilisable pour calculer chaque mois la paye du personnel ou pour conserver par exemple les données invariables de chaque client en vue des relevés de comptes. Elle permet également d’automatiser des suites d’opérations élémentaires.
De ce fait, elle élimine de nombreuses opérations humaines, limite les erreurs et fait donc gagner un temps précieux.

Un personnel féminin reconnu et valorisé

Toutefois pour jouer cette course aux machines, il est indispensable de s’entourer d’employés qualifiés. Du personnel composé en majeure partie de femmes, formées par les constructeurs eux même pendant des semaines voire même des mois à l’utilisation de ces nouveaux appareils. Cette période d’entre-deux-guerres leur a permis de s’initier principalement à la dactylographie et à la comptabilité.
Ainsi des jeunes filles sont recrutées dans les banques à partir de 16 ans, dès leur certificat d’études et avec l’autorisation de leurs parents.
Intelligentes, volontaires, courageuses, derrière ce jeune âge certaines disposent donc déjà d’une première expérience professionnelle. Après un test de culture générale et une dictée à laquelle elles sont soumises, les voici embauchées au Comptoir National d’Escompte de Paris ou encore à la Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie.
À l’image de mademoiselle Andrée née en 1928, employée au Comptoir National d’Escompte de Paris de Saint Quentin (France) à 17 ans. Sur une lettre de recommandation envoyée au Directeur d’agence, il est mentionné qu’elle a déjà travaillé 2 ans comme dactylo sur un poste précédent.
Des commentaires vantant son éducation et la robustesse de sa santé font d’elle une employée particulièrement qualifiée pour intégrer la banque.
Ces opératrices évoluent essentiellement sur des tabulatrices, des trieuses ou des machines à découper les coupons.
Beaucoup d’entre-elles développent des compétences spécifiques à une machine en particulier. Cela leur permet d’être rapides et dotées d’une incroyable maîtrise.
Ces employées hors-pair donnent le rythme et la cadence à toutes les opérations bancaires en cours, répondant à cette recherche de productivité.

Des expertes à l’orée des systèmes informatiques

Un rythme et une cadence que l’on peut entendre en s’approchant des ateliers mécanographiques. Des salles entières où s’affairent nos opératrices dans un ballet particulièrement envoûtant, rythmé par les sons incessants des machines. Tout est orchestré à la perfection par ces virtuoses.
C’est d’ailleurs en Bretagne, au Centre des archives historiques de BNP Paribas que sont conservés une partie de ces engins emblématiques sur lesquels elles ont travaillé pendant plusieurs décennies.
Une attention toute particulière est apportée à ces collaborateurs et collaboratrices des banques ancêtres de BNP Paribas tant sur leur bien-être que dans l’atteinte de leurs objectifs.
Certains documents d’archives témoignent de la qualité de leur éducation et de la détermination dont elles font preuve dans l’exercice de leurs fonctions.
Il est ainsi commun de lire quelques-unes des appréciations de leurs superviseurs vantant ce mérite :
“Un agent animé du désir de bien faire”
“Cette jeune fille possède déjà quelques bonnes connaissances théoriques sur les titres et les coupons. Animée d’un grand désir d’apprendre son métier, est impatiente d’aborder des travaux plus complexes. »
Ces mutations techniques et technologiques menées par des femmes ont largement contribué à la productivité et au rayonnement bancaire. Chacune par son engagement et son savoir-faire a permis d’accompagner cette transition dans la gestion et la centralisation des données.
Une transition qui atteint d’ailleurs son apogée avec l’arrivée des systèmes informatiques qui, près de 100 ans plus tard, donne la possibilité à chacun de gérer ses comptes en ligne et d’accéder aux services bancaires en quelques mouvements d’index.
Et quelque part, cette période marque un premier pas pour les femmes dans l’univers de la tech. Un pas qui est devenu un long chemin comme en témoigne l’initiative de l’Organisation Internationale “Women In Tech” dont le but est de promouvoir les femmes à travers les métiers de la technologie. Une mission à laquelle un bon nombre de collaboratrices et de collaborateurs BNP Paribas sont fiers de participer activement !

C’était comme D.A.B, distributeur d’anecdotes bancaires, on se retrouve très bientôt pour de nouveaux petits savoirs autour de l’histoire de BNP Paribas.