Un solide réseau en Tunisie depuis 1894

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Agence du CNEP à Tunis vers 1900 - Archives historiques BNP Paribas

Agence du CNEP à Tunis vers 1900 - Archives historiques BNP Paribas

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Le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) et la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI), qui fusionnent en France en 1966, ont déployé des activités bancaires en Tunisie dès 1894. Le rapprochement de leurs réseaux tunisiens se fait en 1969, et vient compléter la fusion de 1966.

 Le premier pas du CNEP en Tunisie

Le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP), créé en 1848, s’intéresse à la Tunisie à l’occasion des opérations de conversion de dettes qui interviennent à partir de 1863. Ainsi le CNEP participe-t-il à plusieurs emprunts beylicaux de 1865 à 1867. Lorsque le Protectorat procède à la conversion de l’ancienne dette tunisienne (datant d’avant 1881), une convention est signée avec un syndicat bancaire afin d’octroyer un prêt de 142 500 000 francs. Le CNEP et la Banque de Paris et des Pays-Bas font partie de ce syndicat.

Un nouveau point d’appui pour le commerce français

Cependant, ces opérations financières ne sont pas à l’origine de l’implantation du CNEP en Tunisie. Cette décision s’inscrit dans la stratégie commerciale du CNEP qui consiste à offrir au commerce français des points d’appuis bancaires dans les places d’import-export et dans les ports. Or, le Protectorat exporte des céréales, des vins et des huiles vers la métropole.

En juin 1894, le CNEP ouvre une agence à Tunis, puis en 1895 à Sousse, en 1896 à Sfax et en 1897 à Gabès. En 1898, la direction tunisienne propose d’ouvrir des bureaux temporaires à Monastir et à Kairouan, mais le siège parisien du CNEP juge ces ouvertures prématurées. Dès le début, l’activité du réseau tunisien est satisfaisante et ce, jusqu’à la crise tunisienne de 1932. En 1907, l’agence de Gabès est fermée, mais cette fermeture est compensée par l’ouverture d’une agence à Bizerte.

Agence du CNEP à Sfax dans les années 1930 – Archives historiques BNP Paribas
Agence du CNEP à Sfax dans les années 1930 – Archives historiques BNP Paribas

Des années de prospérité

Les années 1910 correspondent, pour la Tunisie, à une période de prospérité, à laquelle les agences du CNEP prennent une large part. En 1918, le siège est transféré dans un immeuble neuf situé au 3 avenue Jules Ferry à Tunis, juste en face de la Résidence de France.

L’activité et les résultats des agences tunisiennes du CNEP sont étroitement liés à la situation de l’agriculture et des mines de phosphate, qui forment la plus grande partie de l’activité et de la richesse locales. A partir de 1923, une série d’années favorables permet de réaliser de fructueuses opérations et de nouvelles agences sont ouvertes : Monastir (1924), Mateur (1925) et Béja (1930).

Des activités au plus près du client

Les activités du CNEP tunisien sont parfaitement décrites par Hubert Bonin¹  : « Loin du grand commerce des cotons ou des laines, les opérations tunisiennes sont plutôt modestes, sinon obscures, mais elles finissent par nourrir des courants d’affaires substantiels. Au financement somme toute classique du négoce, s’ajoute une intervention originale au profit du commerce céréalier et huilier. En effet – peut-être comme c’était déjà le cas pour ses prédécesseurs banquiers et commerçants de l’Empire romain -, certains de ses guichets sont équipés de citernes d’huile et de magasins à céréales, qui servent à entreposer le gage des prêts sur marchandises accordés aux marchands tunisiens et aux firmes acheteuses avant leur embarquement : le bureau de Monastir dispose ainsi de 30 citernes d’huile en 1924, celui de Sousse de 43 citernes d’huile et d’un magasin à céréales, celui de Béjà d’un magasin à céréales. Le CNEP apparaît bien comme un comptoir de banque au plus près des fournisseurs de denrées, au cœur des bourgades-marchés, afin de remonter au plus haut possible de la chaîne de financement. A cette vocation transméditerranéenne, s’ajoutent des opérations de banque locale, puisque la clientèle tunisienne rassemble nombre de minotiers, de marchands de grains, de négociants en vins. »

Les années 1930 sont des années difficiles et l’économie tunisienne est sérieusement affectée par la chute des cours des principales productions agricoles dont le blé dur, l’orge, l’huile d’olive et la laine. De 1927 à 1936, la baisse représente près de 50%. La situation reste difficile jusqu’en 1939. Trois agences sont fermées à Monastir et Béjà (1934), puis Mateur (1935).

La création de la BEIT

En 1963, en partenariat avec la Banque industrielle de l’Afrique du nord (BIAN) et Morgan Guaranty Trust, le CNEP crée la Banque d’escompte et de crédit à l’industrie en Tunisie (BEIT). Les réseaux d’agence de la BIAN et du CNEP sont repris par le nouvel établissement.

La BNCI s’implante elle aussi en Tunisie, avec la création de la BNCI-A

En 1927, des personnalités algériennes de premier plan créent la Banque de l’union nord-africaine (BUNA), qui développe un réseau d’agences en Algérie, au Maroc et en Tunisie. En septembre 1940, la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) prend une participation majoritaire dans le capital de la BUNA, qui devient alors la BNCI-Afrique ou BNCI-A. Alors que la France est occupée par l’Allemagne, le Maghreb apparaît comme un territoire d’expansion internationale.

Une succursale est ouverte à Tunis en mai 1941, une sous-agence à Bizerte en juin 1942. En 1948, le réseau tunisien compte 12 sièges et est organisé en trois groupes d’exploitation. Les agences et bureaux de Bizerte, Béja, Souk-el-Arba, Chardimou et Le Kef sont directement rattachés à la direction de Tunis. L’agence de Sousse, avec les bureaux de Monastir et de Mahdia constitue le Groupe d’exploitation de Sousse. Enfin, le Groupe d’exploitation de Sfax comprend l’agence de Sfax et les bureaux de Sarzis et de Tozeur.

La BNCI en Tunisie et en Algérie, 1953 – Archives historiques BNP Paribas
La BNCI en Tunisie et en Algérie, 1953 – Archives historiques BNP Paribas

L’UBCI reprend le réseau tunisien de la BNCI

En 1955, la BNCI crée une filiale de droit tunisien, l’Union financière et technique de Tunisie (UFITEC). Dans un contexte de consolidation du secteur bancaire tunisien, l’UFITEC et le réseau d’agences tunisiennes de la BNCI sont regroupés en 1961 au sein de l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie (UBCI). Le réseau de la nouvelle banque comprend alors 7 agences : Tunis-Mokhtar-Attia, Tunis-Es-Sadikia, Bizerte, Grombalia, Mateur, Sfax et Sousse.

La fusion BEIT-UBCI complète la fusion CNEP-BNCI

En 1966, le gouvernement français décide de fusionner le CNEP et la BNCI pour former la Banque nationale de Paris (BNP). Trois ans plus tard, en 1969, le réseau de la BEIT – qui avait repris les agences tunisiennes du CNEP en 1963 – est apporté à l’UBCI. Le regroupement des réseaux tunisiens du CNEP et de la BNCI est ainsi parachevé au sein de l’UBCI.


¹ Bonin, Hubert. « Une grande entreprise bancaire : le Comptoir national d’escompte de Paris dans l’entre-deux-guerres », Études et documents, IV.

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