Jacques de Fouchier et l’art d’entreprendre
S’il est un homme d’affaires particulièrement visionnaire, c’est bien Jacques de Fouchier. Il met en place en France des systèmes innovants de crédits spécialisés et crée l’un des plus grands groupes financiers de l’après-guerre.
Né en 1911, reçu à l’Inspection des finances en 1934, Jacques de Fouchier est mobilisé en 1939. Au printemps 1943, il rejoint l’armée d’Afrique du Nord et se distingue particulièrement pendant la campagne d’Italie. À la fin de l’année 1944, il est nommé directeur adjoint des Relations économiques extérieures, sous le Gouvernement provisoire.
L’aventure visionnaire de la Compagnie bancaire
Entrepreneur dans l’âme, Jacques de Fouchier décide de quitter la fonction publique en 1946 et crée l’UFEFE (Union financière d’entreprises françaises et étrangères) : l’objectif est de combler certaines lacunes du système bancaire français qui ne peut donner aux industries tous les crédits dont elles ont besoin pour s’équiper.
En 1953, il lance Cetelem (Crédit à l’équipement électroménager) qui est une des entreprises françaises les plus présentes dans la vie des Français. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, les besoins d’équipement sont grands, mais les magasins ne peuvent pas « faire crédit » et les pouvoirs publics ne souhaitent pas favoriser la consommation au détriment du financement de l’industrie. Profitant d’une évolution réglementaire, Jacques de Fouchier met alors en place un nouveau modèle économique de crédit en magasin, qui instaure une relation tripartite entre le consommateur, le distributeur et Cetelem.
Dans la même ligne novatrice, il multiplie les initiatives pour développer le crédit immobilier, à la consommation, à l’équipement : UCB et SINVIM pour le financement du logement et l’immobilier, Locabail pour le leasing, SEGECE pour la distribution. En 1959, ces entités sont regroupées au sein de la Compagnie bancaire.
La période Paribas
Désigné comme successeur de Jean Reyre à la tête de la Banque de Paris et des Pays-Bas, Jacques de Fouchier en devient vice-président en 1966 puis président en 1969. Une de ses priorités est de développer les fonds propres et la taille de la banque en France : un rapprochement progressif avec la Compagnie bancaire est mis en place et Paribas en devient le principal actionnaire. Enfin, il lance le Groupe sur la voie de l’internationalisation. Paribas s’implante ainsi à Tokyo, dans les pays producteurs de pétrole du Golfe arabo-persique, en Allemagne, dans le bassin méditerranéen et en Afrique (Maroc, Gabon).
Une envergure peu commune
Jacques de Fouchier quitte ses fonctions en 1978. Au-delà du cercle de la Compagnie bancaire et de Paribas, il est très influent dans le monde de la finance et de la politique : il siège à de nombreux conseils (Crédit national, Crédit foncier de France, Gervais Danone, Schlumberger, Xerox, Thomson-Brandt, Compagnie française des pétroles, etc…) et préside notamment la Fondation pour la recherche médicale.
Passionné d’écriture, il écrit ses mémoires et fonde le Prix Jacques de Fouchier à l’Académie française, pour distinguer un auteur qui n’appartient pas aux professions littéraires.
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