Accueil / Articles / BNP Paribas en temps de guerre : procès-verbal du conseil d’administration de la BNCI, 19 septembre 1939 BNP Paribas en temps de guerre : procès-verbal du conseil d’administration de la BNCI, 19 septembre 1939 Temps de lecture : 7min Nombre de likes : 6 likes Mise à jour le : 17 Sep 2024 Tags :BNCI . Guerre . Histoire bancaire La France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne après l’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939. C’est tout un pays qui bascule dans la guerre le 3 septembre. La BNCI doit s’y adapter.Nous nous sommes penché sur le procès-verbal du conseil d’administration de la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) datant du 19 septembre 1939, soit 16 jours après la déclaration de guerre. On s’intéressera aux dispositions prises par ce Conseil et la façon dont il tient compte à la fois des activités de la banque et des nécessités militaires. Le procès-verbal Le procès-verbal d’un conseil d’administration a pour but de retranscrire le plus fidèlement possible ce qui a été dit lors du conseil. Il a une fonction officielle et le contenu est souvent sanctionné par des votes. Il est conservé dans un livre consacré aux procès-verbaux du Conseil d’administration recensant les années 1936 à 1940. Il a une fonction interne, mais peut faire l’objet d’une communication externe – c’est une source souvent consultée par les historiens. BNCI, couverture livre de consignation des PV de conseil d’administration, 1938-1940, Archives historiques BNP Paribas, 250AH9 L’ordre du jour de ce conseil a pour centre de discussion la guerre : comment elle affecte le fonctionnement de la banque, sa trésorerie, son personnel et l’évacuation de certains services centraux. Les engagements commerciaux et les opérations financières de la BNCI sont également évoqués. BNCI, PV Conseil d’administration du 19 septembre 1939, Archives historiques BNP Paribas, 250AH9 Une banque en état de la guerre Les finances de la banque face à la guerre L’état de guerre impacte les finances de la banque, les épargnants et les investisseurs. Des retraits de fonds sont mentionnés de la part d’entreprises ou de particuliers, pour anticiper les conséquences économiques et financières de la guerre. La guerre oblige aussi la BNCI à faire des emprunts à la Banque de France et à recourir au réescompte, afin de pallier le manque de liquidités. Le procès-verbal insiste sur la propension des banques et des succursales à “conserver des encaisses” et donc à conserver une certaine liquidité pour se préparer aux conséquences de la guerre. Aussi, ces tournants économiques engendrent des problèmes de communication et des “ralentissements de capitaux”. La banque face à la mobilisation Dès le 2 septembre 1939, la mobilisation générale est décrétée. La BNCI doit y faire face du fait des « vides nombreux » créées dans le personnel. Les cadres sont particulièrement touchés : il est spécifié que les sièges de provinces sont pour certains vidés au « trois quart ». On observe que sur les 36 agences de Paris, 20 ont perdu leur direction et sur 103 unités de cadre, seulement 56 sont en service le 19 septembre. La banque a donc dû pallier ces manques en proposant des mutations ou encore en faisant appel à des retraités. Le réseau bancaire est impacté mais la BNCI tient à équilibrer cette baisse drastique d’effectifs. Certains manques persistent aussi plus bas dans la hiérarchie avec une baisse drastique de secrétaires, ce qui oblige la banque à faire appel à des employés d’autres “maisons” (les filiales de la banque). Pour ne pas laisser les employés sans revenus du fait de la mobilisation, il y a une problématique sociale importante à laquelle la BNCI tente de répondre. La banque dit “assumer de lourdes charges” pour ses agents mobilisés. Les pères de familles de 3 enfants au moins recevront 60% de leur salaire, les agents célibataires jusqu’à 10% de leur salaire. La question des évacuations au cœur du procès-verbal Les évacuations sont également abordées dans les discussions. La question préoccupante est celle de l’administration centrale et d’une possible évacuation de Paris. Or, la banque se doit de garder des liens constants avec le Trésor, la Bourse et la Banque de France. Les évacuations des sièges du Nord et de l’Est vers l’Ouest, comme Dinan, sont aussi évoquées. La ville de Pau est finalement choisie pour conserver les titres et le personnel des différents sièges, en priorité du Nord et de l’Est. BNCI, Site de conservation de Dinan, Archives historiques BNP Paribas, 6Fi234-2 Ce procès-verbal est une source primordiale pour comprendre comment l’organe décisionnaire de la banque s’organise dans un climat de guerre qui bouleverse les différents secteurs de la banque. Aimer cette page 6 likes Partager cette page Linkedin Facebook Twitter Mail Copier le lien de l'article