Le 14 Bergère à Paris, un modèle d’architecture bancaire du XIXe siècle

Mise à jour le : 4 Nov 2024
Pavillon d'entrée du siège BNP Paribas Asset management, situé 14, rue Bergère à Paris - Archives historiques BNP Paribas, Copyright Vincent Fillon

Pavillon d'entrée du siège BNP Paribas Asset management, situé 14, rue Bergère à Paris - Archives historiques BNP Paribas, Copyright Vincent Fillon

Au détour des Grands Boulevards, en contrebas de la rue Rougemont, une façade étonnante se détache comme un fond de scène. Approchant plus près, le curieux découvre l’immense bâtisse dont ce monument forme l’entrée principale. Le voilà au pied du siège de l’ancien Comptoir national d’escompte de Paris, construit de 1878 à 1881 par l’architecte Édouard Jules Corroyer.

Trouver sa place dans la capitale

Depuis 1846, une crise économique, politique et sociale désorganise le pays. Pour y remédier, le gouvernement provisoire de 1848 ouvre dans les villes industrielles des établissements locaux de crédit. Soutenu par un groupe d’éditeurs dont Louis Hachette, le Comptoir national d’escompte de Paris s’installe d’abord au Palais Royal.
Vite à l’étroit, il déménage en 1851 au faubourg Poissonnière, encore épargné par la spéculation immobilière. Sous le Second Empire, le Comptoir diversifie ses activités et complète sa gamme de services. La signature du traité de libre-échange avec l’Angleterre (1860) lance le début de son expansion internationale. Après la défaite de 1871, le Conseil décide alors de se doter d’un siège social à son image.

La Banque de Paris et des Pays-Bas avait conservé l’hôtel particulier de la rue d’Antin, dans la tradition de la haute banque… le Comptoir national d’Escompte commande un bâtiment neuf, dont le chantier constitue un événement immortalisé par Louis-Émile Durandelle, déjà invité pour la restauration du Mont Saint-Michel en 1872.

Temple à la Prudence ou « palais d’argent » ?

Dans la structure aussi bien que dans l’ornementation, Édouard Jules Corroyer, qui se présente lui-même comme élève de Viollet-Le-Duc, met le progrès technique à l’honneur. Une façon d’illustrer dans l’architecture l’engagement des banques dans le développement de l’industrie. Les verres-dalles de Saint-Gobain laissent filtrer la lumière dans la salle des coffres, le dédoublement de la verrière du hall garantit son étanchéité, sans rien concéder à l’esthétique. Parmi les nouveautés : le courrier distribué par tubes pneumatiques, et un petit train dans les sous-sols !

Le pavillon central dessine un arc de triomphe à la gloire de la Prudence, secondée par les allégories du Commerce et de la Finance assises dans l’attique. Les cinq continents en médaillons en mosaïque rappellent l’expansion internationale du Comptoir d’escomte. Le porche franchi, les heureux élus sont conduits progressivement dans la « salle des pas perdus ». Ce grand hall de dix-sept mètres de hauteur tient à la fois de la gare et du grand magasin. Une impression d’ouverture et de solidité se dégage de cette architecture qui fait jouer la lumière colorée sur les arcades de pierre.

Première restauration de monument historique certifiée « Haute qualité environnementale »

Dès les débuts, Jules Édouard Corroyer, d’une famille d’artisans du bâtiment, avait défendu la reconnaissance des arts appliqués comme partie intégrante de l’œuvre architecturale. Cet élève de Viollet-le-Duc engage des décorateurs et ornemanistes renommés comme le mosaïste Giandomenico Facchina (formé à Venise) et le peintre décorateur Charles Lameire (spécialisé dans le décor d’églises). Inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, l’ensemble a été entièrement restauré entre 2007 et 2009, selon la norme haute qualité environnementale (HQE). Il abrite aujourd’hui plus de 1700 collaborateurs de l’activité de gestion d’actifs, pilotée par notre filiale BNP Paribas Asset management.

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