23 mai 2000 : le Groupe BNP Paribas est né (épisode 1)

Temps de lecture : 7min Nombre de likes : 2 likes Mise à jour le : 16 Déc 2022
Vue du siège social de BNP Paribas, Années 2000 - Archives historiques BNP Paribas

Vue du siège social de BNP Paribas, Années 2000 - Archives historiques BNP Paribas

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BNP Paribas est profondément enraciné dans 200 ans d’histoire, mais la structure actuelle du Groupe a pris naissance le 23 mai 2000, lorsque l’assemblée générale de la BNP a approuvé la fusion entre la BNP et Paribas pour former le Groupe BNP Paribas ; elle mettait le point final institutionnel à une bataille boursière inouïe dans le domaine financier et ouvrant la voie à une grande aventure industrielle. Retour sur cet épisode marquant de l’histoire bancaire européenne.

Un rapprochement nécessaire et une bataille boursière homérique

Coup de tonnerre dans le monde économique le 9 mars 1999, lorsque la BNP lance une double offre publique d’échange (OPE) sur la Société générale et Paribas. Offre ambitieuse, inédite, notamment dans le contexte français. Qu’est-ce qui a mené la BNP à prendre cette audacieuse initiative entrée dans l’histoire financière ?

Depuis la fin des années 1980 et la perspective du marché unique européen de 1993, qui commence avec la libre circulation des capitaux à partir de 1990, le monde bancaire européen est en proie à de grandes réflexions et manœuvres stratégiques ; il s’agit pour les établissements d’atteindre la taille suffisante afin de faire face aux investissements nécessaires en vue de proposer des services étendus à leur clientèle et d’affronter la concurrence. La dernière décennie du XXe siècle voit donc les rapprochements d’UBS et de SBS en Suisse, l’acquisition de la Midland Bank et du CCF par HSBC et l’achat de TSB par la Lloyds Bank au Royaume-Uni, la fusion du Banco Santander et du Banco Central Hispanoamericano en Espagne. L’Italie et l’Allemagne sont encore en retrait.

Et en France ? Les banques se sont mises en mouvement avec des fortunes diverses : la stratégie coûteuse d’acquisitions du Crédit lyonnais se retourne contre la banque dès 1992, le Crédit agricole dont les caisses régionales fusionnent à un rythme soutenu, met la main sur Indosuez en 1996 puis sur Sofinco, un pionnier du crédit à la consommation. En ce qui concerne la BNP, depuis sa privatisation en 1993, son président Michel Pébereau a tenté plusieurs rapprochements amicaux qui n’ont pas abouti. Début 1999, l’état-major de la BNP est en discussion avec la Société générale pour fusionner les deux établissements. Mais le 1er février 1999, à la surprise générale, la Société générale annonce un projet de rapprochement avec la banque d’affaires Paribas, ce qui marginaliserait de facto la BNP.
Michel Pébereau et son état-major proposent alors une contre-attaque hardie à leur conseil d’administration.

Affiche dédiée à la double offre publique d’échange d’actions BNP contre des actions Société générale et des actions Paribas, 1999 – Archives historiques BNP Paribas, Création Euro-RSCG/BETC
Affiche dédiée à la double offre publique d’échange d’actions BNP contre des actions Société générale et des actions Paribas, 1999 – Archives historiques BNP Paribas, Création Euro-RSCG/BETC

La bataille boursière et médiatique

L’offre de la BNP, une fusion à trois – BNP, Société générale, Paribas -, est techniquement une double offre publique d’échange d’actions BNP contre des actions Société générale et des actions Paribas. Elle recueille l’assentiment du conseil d’administration et bénéficie du soutien d’Axa, un des grands actionnaires de la BNP. Le projet, baptisé SBP (les initiales des trois composantes), est audacieux mais reçoit un meilleur accueil du marché que le projet concurrent, notamment du fait de la rentabilité accrue de la BNP depuis 1993 et d’une organisation plus rassurante.S’ensuit une bataille boursière de six mois au cours de laquelle les protagonistes mobilisent leurs soutiens et rivalisent d’assauts médiatiques pour convaincre les investisseurs, en France et à l’étranger.

Après des relèvements d’offres réciproques, l’avantage est à la BNP fin août 1999, avec un contrôle de 31,8% des droits de vote de la Société générale et de 65,2 % de ceux de Paribas. Si une bonne partie de l’encadrement de Paribas a pris le parti du projet SBP, qui leur réserve une égalité de traitement, la mobilisation du personnel de la Société générale contre ce projet peut faire craindre aux autorités de tutelle un risque opérationnel dans la fusion. Après l’échec d’une tentative de compromis sous l’égide du gouverneur de la Banque de France, les autorités finissent par considérer que l’offre n’a pas donné à la BNP « un contrôle clair » sur la Société générale et, le 27 août, lui interdisent de prendre possession des titres apportés par le marché. Le vote massif des investisseurs pour le contrôle de Paribas permet en revanche la création du Groupe BNP Paribas.

Communication sur la façade du siège social de la BNP en faveur du projet SPB, 1999 – Archives historiques BNP Paribas
Communication sur la façade du siège social de la BNP en faveur du projet SPB, 1999 – Archives historiques BNP Paribas

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