Les Rostand, entre banque, musique et théâtre
A l’occasion du 150e anniversaire de la naissance d’Edmond Rostand et du 100e anniversaire de sa mort, le Festival Edmond Rostand 2018, créé par Thomas Sertillanges, rend hommage à ce talentueux homme de lettres et à sa famille. En s’associant à ces manifestations, notamment par une exposition, BNP Paribas a souhaité aussi mettre à l’honneur l’oncle d’Edmond, Alexis Rostand, président du CNEP – l’une de ses banques ancêtres – mais également musicien.
Les Rostand, une famille d’entrepreneurs et notables marseillais férus de musique
Les Rostand, vieille famille marseillaise, ne sont pas une famille ordinaire. Elle compte nombre d’entrepreneurs, de négociants, d’armateurs et de banquiers, souvent éminents philanthropes, qui sont non seulement d’excellents musiciens, mais aussi de talentueux poètes. Ils ont sillonné la Méditerranée, façonné la vie sociale de Marseille… tout en composant.
Citons par exemple Alexis-Joseph Rostand (1769-1854), maire de Marseille, président de la Chambre de commerce de Marseille de 1832 à 1837 et excellent violoncelliste.
Ou encore, Eugène Rostand (1843-1915), père de l’écrivain Edmond Rostand, aussi musicien, qui fut président de la Caisse d’épargne des Bouches du Rhône et membre de l’Académie des sciences morales et politiques.
Enfin, le plus connu d’entre eux, Edmond Rostand (1868-1918) a rencontré un immense succès avec sa pièce de théâtre Cyrano de Bergerac, toujours plébiscitée aujourd’hui. Il est très proche de son oncle paternel et parrain Alexis, qui a joué un rôle important dans l’histoire de BNP Paribas…
Alexis Rostand, banquier et musicien
Alexis Rostand (1844-1919), a passé cinquante années de vie professionnelle au Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP), banque ancêtre de BNP Paribas. Entré en 1868 comme sous-directeur de la nouvelle agence de Marseille, il devient directeur du CNEP en 1889, puis président en 1908, sans jamais cesser ses compositions et écritures musicales.
La Youtubeuse Scherzando vous raconte le parcours atypique d’Alexis Rostand
La musique, qui imprègne toute l’éducation des Rostand, l’accompagne toute sa vie et il ne cesse jamais de composer ou d’écrire des articles de critique, sous son nom ou sous pseudonyme ; c’est une hygiène de vie pour celui qui commence toutes ses journées par ses gammes au piano. La musique ne se dissocie pas de la famille, une valeur qu’Alexis porte très haut : il compose sur des textes de son frère Eugène.
Sans descendance, il est aussi très lié à son filleul Edmond, fils d’Eugène : l’auteur de Cyrano lui dédie sa première pièce en vers Pierrot qui pleure et Pierrot qui rit. C’est Alexis qui met en musique La Samaritaine, le premier grand succès d’Edmond.
La Grande Guerre d’Alexis et Edmond Rostand
Ni Alexis, ni Edmond n’ont été soldats pendant la guerre de 1914-1918 en raison de leur âge ou état de santé. Mais souffrant des malheurs de la France et de l’invasion, chacun s’emploie à participer à l’effort de guerre à sa place, avec ses moyens, selon ses convictions.
Dans ces temps difficiles du conflit, Alexis maintient la banque malgré les départs des classes d’âge mobilisables, les agences bombardées, les pénuries, les ruptures des communications… Avec son conseil d’administration, il prend les dispositions nécessitées par le quotidien tragique du conflit qui s’éternise, comme les indemnités de cherté de vie et les allocations aux familles d’employés tués à l’ennemi. L’effervescence des souscriptions aux emprunts de la Défense nationale rythme la vie des agences.
Désespéré d’être réformé, Edmond est infirmier-auxiliaire au Pays basque. Il lève des fonds lors des journées, écrit les missives de poilus, se déplace au front, et écrit ses poèmes de guerre, réunis dans Le Vol de La Marseillaise. La fin de la guerre s’annonçant, il se précipite à Paris, où il assiste aux fêtes de la victoire et prépare la reprise de L’Aiglon. Il est emporté par la grippe espagnole le 2 décembre 1918. Son oncle Alexis, éprouvé par ces disparitions et miné par la maladie, quitte le CNEP en janvier 1919 et s’éteint en avril de la même année.
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