La Fondation BNP Paribas : 40 ans de réinvention et de défis sociétaux
Depuis 2000, la Fondation BNP Paribas prolonge l’action philanthropique initiée en 1984 par son prédécesseur, la Fondation Paribas. L’année 2024 marque ainsi le 40e anniversaire d’un projet de mécénat au long cours, étroitement lié aux défis et mutations sociales sans cesse renouvelés.
L’occasion idéale pour remettre en perspective l’histoire de la philanthropie d’entreprise française émergeant dès le XIXe siècle et la contribution du Groupe dans ce domaine. Retour sur les temps forts de l’engagement de BNP Paribas et ses banques ancêtres, s’exprimant tour à tour dans des champs aussi variés que la solidarité, la santé, la culture, l’entrepreneuriat et l’environnement.
Le XIXe siècle : Les initiatives des dirigeants ou les prémices de l’engagement philanthropique
C’est au XIXe siècle, dans le contexte de la Seconde Révolution industrielle qu’émergent les premières initiatives philanthropiques. Il s’agit souvent d’hommes d’affaires choisissant de soutenir des actions sociales en lien avec la santé, l’éducation, la recherche scientifique ou la culture, avec laquelle ils partagent une proximité à titre privé.
Les banquiers d’affaires à la tête des banques ancêtres de BNP Paribas ont notamment participé à certaines de ces actions. Alexis Rostand, président du Comptoir national d’escompte de Paris en 1910, Isaac de Camondo administrateur à la Banque de Paris et des Pays-Bas en 1901, ou encore Henri Cernuschi l’un des créateurs de la Banque de Paris en 1869 se sont tour à tour illustrés par leurs œuvres philanthropiques.
La famille Bischoffsheim constitue un exemple remarquable. Louis Raphaël Bischoffsheim (1800-1873), l’un des fondateurs de Paribas, aide les écoles professionnelles ou finance des études scientifiques et médicales à travers des œuvres de charité et est président de l’Association philotechnique. En 1866, il fait même construire à Paris le Théâtre de l’Athénée pour y accueillir des conférences et concerts. Ses engagements sont poursuivis par son fils, Raphaël Bischoffsheim (1823-1906), dans un mécénat d’aide à la recherche scientifique. Ce dernier aide notamment Charles Garnier à la construction de l’Observatoire de Nice, propriété de l’Université de Paris. Raphaël Bischoffsheim est aussi membre libre de l’Académie des Sciences. Ses engagements sont encouragés par la législation française favorisant les dons, legs et subventions en faveur des facultés et écoles d’enseignement supérieur (décrets des 25 juillet et 28 décembre 1885).
À partir des années 1960, l’écrivain passionné d’art et surtout ministre des Affaires Culturelles, André Malraux donne un nouvel élan au mécénat en dirigeant une partie des actions de l’État vers le développement des fondations. Ainsi, en 1969, la Fondation de France voit le jour. La Banque nationale de Paris (BNP) ainsi que Paribas participent toutes deux à la dotation permettant sa création.
Pour autant, dans un premier temps, les deux banques investissent dans des projets en régie directe, sans structure administrative dédiée. Le soutien financier qu’apportent la BNP et Paribas au Musée Carnavalet s’inscrit dans cette démarche. Fait singulier : les deux établissements ont aussi fait don d’un mobilier art déco au Café de Paris.
Dans les années 1970, Paribas engage ses premiers soutiens à destination du monde de la santé et de la recherche scientifique : Fondation pour la recherche médicale, Institut du glaucome et UNESCO.
L’essor du mécénat d’entreprise en France
La création de la Fondation de France représente une première accélération dans l’histoire du développement du mécénat d’entreprise, qui n’avait pas connu d’évolution majeure jusqu’alors. Les initiatives en matière de mécénat se multiplient dans les années 1980 sous l’impulsion d’un nouveau ministre de la Culture. Fortes de leur contribution passée à des projets de mécénat autour de la culture, de l’aide sociale et médicale, ainsi que de la recherche scientifique, la BNP et Paribas choisissent deux modèles différents d’encadrement de leurs actions philanthropiques.
La Fondation Paribas incarne les actions de mécénat de la banque
A partir de 1983, Paribas souhaite mieux structurer ses engagements philanthropiques. Dans la même période, l’Etat multiplie ses incitations au développement du mécénat auprès des entreprises. Une nouvelle dynamique est insufflée par la création de l’Association pour le développement du mécénat industriel et commercial (Admical) en 1979 et par la démarche nationale sur la réflexion philanthropique symbolisée par l’Année du patrimoine décrétée en 1980. Le comité de mécénat de la banque, dirigé par François Debiesse, responsable de la Banque privée chez Paribas, prépare la création de sa Fondation. Le compte rendu du comité de mécénat du 10 juin 1983 précise les quatre objectifs qui seront adoptés en tant que piliers de la Fondation :
- Aide aux personnes handicapées par des prises de participation dans des entreprises employant des personnes handicapées ;
- Soutien au patrimoine en réintégrant le patrimoine historique parti à l’étranger (livres, manuscrits, objets…) ;
- Aide à la recherche scientifique et technologique ;
- Organisation d’événements culturels dans l’Orangerie.
Revivez en images 40 ans d’engagement de la Fondation BNP Paribas
En parallèle de la Fondation, François Debiesse crée un conseil en philanthropie au sein de la banque ainsi qu’un Prix de la philanthropie.
Le secteur bancaire devient incontournable dans le mécénat d’entreprise. Ainsi, la Fondation Paribas voit le jour le 13 février 1984 et est placée sous l’égide de la Fondation de France. Aider les projets à vocation humanitaire, culturelle, éducative et scientifique, telle est la mission de cette nouvelle organisation comme on peut le lire dans l’article 3 de la convention de création : « … a pour objet d’attribuer des aides au profit de personnes, œuvres ou organismes dont l’activité présente un caractère humanitaire, culturel, éducatif et de recherches. »
Dans les années 1980, le cadre fiscal et réglementaire s’appliquant aux fondations françaises évolue. La loi du 23 juillet 1987 sur le développement du mécénat d’entreprise les reconnait d’utilité publique. Cette évolution conforte Paribas dans son choix de développer son action philanthropique au travers d’une Fondation.
A partir de 1984, la stratégie est portée par Martine Tridde-Mazloum, déléguée générale de la Fondation Paribas. La banque renforce ses engagements initiés dans les domaines de la culture, du social, de la recherche scientifique et médicale. Parmi les actions de mécénat emblématiques de cette époque, citons notamment : la création de l’Institut du glaucome de l’Hôpital Saint-Joseph en 1990 le partenariat avec l’Association de la Fondation étudiante pour la Ville (AFEV) en 1996, le soutien aux créations d’Angelin Preljocaj dès 1989 ou Gabriel Garrido pour sa fresque musicale les chemins du Baroque dès 1992. « Musées et Monuments » est une autre initiative emblématique de la Fondation permettant la publication d’une collection de catalogues d’œuvres d’art multilingues. Au final, la banque s’est associée à plus de 93 musées en France et 26 dans le monde. Un bel héritage laissé au Patrimoine mondial !
Le mécénat en régie directe : le choix de la Banque nationale de Paris
En parallèle, la BNP choisit de gérer en régie directe son mécénat mais elle structure aussi ses projets afin de favoriser le dialogue entre le monde économique et celui de la culture, du social et de la science. L’idée est de s’inscrire sur le long terme dans des projets visant à encourager l’expression artistique et faire connaitre le patrimoine français.
Dans les années 1980, et avec les incitations de l’Etat en faveur du mécénat d’entreprise, de beaux partenariats sont noués dans les univers de la musique, de la danse et de la création littéraire tels que le Prix du jeune écrivain en 1984 qui voit l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs, dont Marie Darieussecq lauréate en 1988, la création de la Maison de la Danse de Lyon en 1986, le Festival Piano des Jacobins dès 1987 et le mécénat de l’emblématique exposition Barnes au Musée d’Orsay en 1993-1994.
Qu’elle soit à l’origine ou contributeur des projets, la BNP choisit de s’impliquer dans la durée. C’est notamment le cas du programme « BNP pour l’Art », qui contribue à la restauration ou au rayonnement d’œuvres d’art majeures entre 1994 et 2017. Il sera d’ailleurs rebaptisé « BNP Paribas pour l’art » en 2000. L’exposition des collections Barnes au Musée d’Orsay en 1993 a connu un retentissement inédit auprès du public et dans le monde de l’Art. D’autres restaurations telles que celle du plafond du Salon d’Hercule au Château de Versailles, que la banque accompagne dès 1994.
Entre 1998 et 2002, la banque complète son action avec un nouveau programme dédié au livre. Baptisé « BNP pour Lire », il vise à promouvoir la langue française à travers le monde. L’audace d’Anne de Lacretelle, chargée du mécénat auprès de la direction de la BNP, dans la création du dispositif « BNP pour Lire » a permis de mener une opération de promotion de la littérature française sans précédent auprès des Alliances françaises à travers le monde.
Toujours dans les années 1980, la BNP voit en la protection de la nature et de l’environnement un nouvel engagement à mener. La banque reçoit le prix « Entreprises et patrimoine nature » en 1988 à la suite des actions menées en partenariat avec le World Wildlife Fund (WWF) initié en 1987. Ce partenariat est aussi l’occasion de sensibiliser sa jeune clientèle à la préservation de la biodiversité par l’intermédiaire de leurs parents. BNP met au service de cette cause l’ensemble de ses atouts en France : sa présence nationale du fait de son réseau bancaire, son pouvoir de communication et sa capacité à fédérer.
Le paysage philanthropique de la BNP est presque complet. Ne manque que la mise en lumière des entrepreneurs qui ne parviennent pas à se faire financer par les canaux dits « classiques » d’octroi de crédit. En 1989, Maria Nowak fonde l’Association pour le droit à l’initiative économique (ADIE) et en assure la présidence. Son projet est de créer une boucle vertueuse en donnant une chance aux demandeurs d’emploi qui deviendront eux-mêmes porteurs d’emplois et de richesse.
Le partenariat avec l’ADIE, un engagement de près de 30 ans.
Soutenu à l’origine à la fois par Paribas et la BNP, le partenariat avec l’association est naturellement renouvelé en février 2001, lors de la création de la Fondation BNP Paribas. Michel Pébereau et Maria Nowak économiste, spécialiste du micro-crédit, incarnent sans conteste ce partenariat fort du Groupe avec cette association accompagnant les exclus du crédit bancaire dans la création de leur entreprise.
La Fondation BNP Paribas au diapason des enjeux sociétaux
L’année 2000 marque la fusion entre la Banque nationale de Paris et Paribas. Alors que leurs services apprennent à travailler ensemble, les deux entités mettent leur technicité et leurs équipes en commun. Mais pas que… La volonté de François Debiesse, président de la Fondation Paribas, et de Antoine Sire, directeur de la communication de la BNP, est aussi de rendre complémentaires leurs entreprises de mécénat. S’appuyant sur leurs expériences respectives, la Fondation BNP Paribas est la première née de toutes les entités du groupe fraichement constitué. C’est l’union d’une mécanique administrative solide et bien huilée à un réseau aux ramifications multiples. Les enjeux sociaux, culturels et environnementaux étaient déjà communs, le rayonnement va être décuplé.
Alors qu’en 2003, la loi Aillagon renforce les avantages fiscaux relatifs aux fondations, les engagements de la Fondation BNP Paribas se multiplient. Dans le même temps, l’ADIE continue son travail d’insertion et de valorisation des talents. La réalité économique et sociale française stimule les projets de la banque. BNP Paribas perçoit les enjeux et les préoccupations liés à la ville et aux territoires. Le Groupe souhaite devenir un acteur majeur en s’appuyant sur sa Fondation et la diversité des métiers dont il dispose.
Ainsi, la banque s’associe au département de la Seine-Saint-Denis et y développe plusieurs projets d’envergure avec l’aide de ces associations partenaires historiques : l’Adie et l’Afev. En réponse aux difficultés sociales de la jeunesse révélées lors des émeutes de 2005, BNP Paribas lance le « Projet Banlieues » en collaboration avec son réseau d’agences sur tout le territoire. Il soutient notamment les associations qui œuvrent dans les quartiers prioritaires en faveur de l’inclusion scolaire et de l’insertion sociale et professionnelle dans l’objectif du « mieux vivre ensemble ».
Le partenariat avec ce département conduit aussi à la réhabilitation d’un ancien ensemble industriel en immeuble de bureaux sur le site des Grands Moulins de Pantin et aussi au soutien apporté à l’Académie populaire de la Santé en Seine-Saint-Denis après la pandémie de COVID-19.
Par le cumul de ses actions, BNP Paribas devient un acteur économique et social majeur dans ce département en seulement quelques années. Montrant ainsi que la grande banque d’affaires parisienne sait mobiliser tous les niveaux de son activité vers les enjeux sociétaux.
En 2015, Le programme « Odyssée jeunes », finançant des voyages scolaires des collégiens et collégiennes du 93 vient compléter le dispositif de la Fondation en faveur de la jeunesse. De même, durant la COVID19, un plan de Solidarité Jeunesse est déployé. Le volet sociétal s’étend à l’aide aux réfugiés en favorisant leur insertion et en rejoignant l’Association de la Fondation Etudiante pour la Ville (AFEV).
C’est aussi en 2015 que Jean-Jacques Goron, alors délégué général de la Fondation depuis 2013, lance le programme international Dream’up, dédié à la diffusion des pratiques artistiques dans les milieux sociaux défavorisés.
La Fondation BNP Paribas n’oublie pas pour autant ses classiques et prolonge ses soutiens à la création artistique, au Jazz, aux Arts du cirque et à la danse. De nouveaux artistes sont accompagnés comme Mourad Merzouki de 2003 à 2012, Anne Paceo, La Horde ou encore Ablaye Cissoko. En 2021, sous l’égide d’Isabelle Giordano, déléguée générale de la Fondation et responsable monde de la philanthropie du Groupe, la Fondation s’associe à la Villa Médicis pour le programme de résidence destiné aux jeunes de lycées professionnels. De nouveaux territoires sont explorés pour poursuivre l’engagement du Groupe que ce soit avec SINGA Global ou encore la Fondation des Femmes en 2022.
Le volet environnemental n’est pas en reste puisqu’en 2010 la Fondation BNP Paribas donne un nouveau coup de projecteur sur l’urgence à agir face aux questions climatiques. L’objectif est d’aider la recherche scientifique sur le climat et la biodiversité en créant le « Climate initiative », évoluant au fil des enjeux et rebaptisé en 2019 le « Climate & Biodiversity Initiative », dans la continuité avec les premiers partenariats des années 1980-1990.
Comme en témoignent les synergies de mise pour chacun de ses projets, BNP Paribas mobilise l’ensemble de ses compétences pour agir et fédérer autour des enjeux sociétaux. L’impact social de l’entreprise est désormais indissociable de son rôle économique. Et toutes les expertises et métiers du Groupe sont parties prenantes de cet engagement. Les collaborateurs peuvent contribuer à travers des dispositifs tels que le programme « Coup de Pouce », permettant de soutenir des associations au sein desquelles des collaborateurs sont engagés. Le programme « coup de pouce » a été confirmé et est devenu « Help2Help ».
Il était naturel de regrouper au sein d’une seule entité les actions philanthropiques de l’entreprise et son engagement RSE. En 2017, la Direction de l’engagement d’entreprise voit le jour afin de conduire d’un seul pas les clients, les collaborateurs, le développement de l’entreprise et le soutien aux projets et aux créateurs.
L’organisation du mécénat et des clients : l’initiative du Fonds Urgence et Développement
La mémoire de l’engagement philanthropique et du mécénat du Groupe se vit aussi à travers ses archives historiques
Une fois de plus, BNP Paribas a eu l’occasion de mobiliser l’ensemble de ses métiers en préparant les 40 ans de sa Fondation. En effet, un projet de captation et de valorisation des archives a été menée par le département Archives et Histoire en étroite collaboration avec la Fondation BNP Paribas. Ce projet faisant suite à un premier chantier-école en association avec l’École nationale des Chartes, a été mené en 2022. Puis à un second chantier, de traitement des archives celui-ci réalisé en 2022-2023. Une campagne de numérisation de certaines archives complète le projet.
Les collections patrimoniales de la Fondation BNP Paribas sont constituées de plus de 15 mètres linéaires d’archives historiques et d’un fonds d’archives orales. Elles sont conservées dans les locaux du département Archives et Histoire et disponibles à la consultation pour les chercheurs.
La Fondation BNP Paribas en 7 dates
Années 1960 : naissance de la volonté des pouvoirs publics de développer le mécénat culturel par des aides à la création de fondations
1969 : création de Fondation de France qui est la matrice des fondations futures
1973 : création de la Fondation Nationale Entreprise et Performance où entrent 11 entreprises du secteur public dont la BNP
1984 : création de la Fondation Paribas
1987 : loi du 23 juillet 1987 qui reconnait les fondations d’utilité publique
2000 : fusion entre BNP et Paribas : création de la Fondation BNP Paribas
2003 : loi Aillagon qui apporte des avantages fiscaux inédits au mécénat d’entreprise
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