1918 : les banques se mobilisent pour l’emprunt de la Libération et continueront pour la Reconstruction…

Durant la Grande Guerre, les banques sont appelées à prêter leur concours au gouvernement français devant financer de lourdes dépenses militaires. A l’occasion du 4e emprunt de la Défense nationale émis en 1918, elles intensifient leurs campagnes d’affichage et enjoignent la population à contribuer à l’ultime effort de guerre. Chronique en images d’une année 1918 marquée par une effervescence patriotique et de l’appel à reconstruire le pays.
1918 : l’appel solennel des banques au patriotisme et à la solidarité de « l’arrière »
Le 4e emprunt emprunt dit de la Libération est voté le 19 septembre 1918 et souscrit avant et après l’armistice (20 octobre et 24 novembre). Il marque un point culminant dans les incessantes campagnes de propagande qu’orchestrent les banques ancêtres de BNP Paribas. Leur tonalité patriotique est encore plus appuyée pour stimuler l’engagement et toucher le cœur des Français. En effet, le conflit dure depuis 4 ans et l’Etat a besoin de fonds pour financer l’ultime effort de guerre. Aussi, les banques enjoignent-elles les ménages à faire bloc avec le front pour la victoire, en cette période décisive. Leurs agences sont donc recouvertes d’affiches aux allégories patriotiques et aux slogans persuasifs.
On citera notamment la célèbre affiche Alsace-Lorraine commandée en 1918 par le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP), banque ancêtre de la BNP, à l’artiste Auguste Leroux (1871-1954). La banque apprenant que la réglementation de l’affichage public va être allégée, en profite pour populariser cette affiche en l’apposant sur sa façade du 2 Place de l’Opéra à Paris dans un format agrandi, 6 mètres sur 4. Ce dispositif inédit a été salué dans Le Monde illustré du 2 novembre 1918.

Sélection d’affiches de propagande des banques ancêtres de BNP Paribas diffusées pour l’emprunt de la Libération

Souscrivez pour la victoire
Réalisée par le peintre belge Michel Ricard Putz pour le compte de la Banque nationale de crédit (BNC), banque ancêtre de BNP Paribas, cette affiche appelle à souscrire à l’emprunt de la « Libération ».
La composition du document reprend celle de son estampe allégorique « ceux qui restent », scène dramatique du peuple fuyant le pays en flammes.
Pour le dernier quart d’heure…, aidez-moi !
Cette affiche de la BNC a été réalisée par Georges Goursat dit Sem (1863-1934), un affichiste et caricaturiste français. Correspondant de guerre entre 1914 et 1918, il dessine cette affiche qui met à l’honneur le maréchal Foch. Le slogan reprend les termes légendaires de son action militaire lors de la bataille de la Marne.

L’agence du Comptoir national d’escompte de Paris à Oloron (Pyrénées Atlantique), un jour de souscription
La foule se presse à l’agence du CNEP d’Oloron pour souscrire au 4e emprunt de la Défense nationale. L’agence a bien mis en évidence sur sa devanture la célèbre affiche Alsace-Lorraine. Pour assurer le succès de l’émission, aucun frais de banque n’est prélevé, comme le rappelle la grande banderole courant sur le balcon.

Pour le triomphe, souscrivez à l’emprunt national !
Avec cette affiche de la BNC, dédiée au 4e emprunt de la Défense nationale, Georges Goursat dit Sem, suggère l’imminence de la victoire des Alliés symbolisée par l’Arc de Triomphe en arrière-plan du document. Sous l’arche, les armées des guerres passées viennent rejoindre les Poilus tandis que la statue de la Marseillaise semble les encourager.

Après la guerre, les banques mobilisent l’épargne pour la reconstruction
La France ressort affaiblie, dévastée et endettée du premier conflit mondial. Pour faire face aux dommages de guerre, rembourser ses emprunts et relancer l’économie, l’Etat a de nouveau besoin de ressources financières exceptionnelles. Aussi, les banques sont encore appelées à se mettre au service de la reconstruction du pays. Pour s’adapter à ce contexte nouveau, elles développent notamment leur présence territoriale et partent à la conquête de nouvelles clientèles. La Banque nationale de crédit (1913-1932), ancêtre de la BNP, s’est particulièrement illustrée par sa stratégie d’implantation régionale et sa combativité commerciale inédite dans le paysage bancaire. Proche du milieu industriel et des affaires, elle se hisse en à peine deux décennies au 4e rang des banques de dépôt françaises.
Ainsi, au lendemain du conflit, les banques s’attachent à la fois à drainer l’épargne des ménages pour soutenir les emprunts de la reconstruction et à offrir des solutions de financement aux entreprises.
Sélection d’affiches de propagande en faveur des emprunts de reconstruction diffusées par les banques ancêtres de BNP Paribas

Emprunt national 1920
Ancêtre de BNP Paribas, la Banque française pour le commerce et l’industrie (BFCI) est une banque d’affaires à vocation internationale crée en 1901 par Maurice Rouvier. En 1922, elle fusionne avec la Banque nationale de crédit qui s’est spécialisée dans le placement des emprunts de la Défense nationale entre 1915 et 1918.
Cette affiche appelle à souscrire l’emprunt de la reconstruction émis en 1920.
Emprunt national 1920 – Banque nationale de crédit
Réalisée par l’affichiste Leonetto Cappiello, cette affiche de la Banque nationale de crédit (BNC), ancêtre de la BNP, appelle à participer à l’Emprunt national de 1920 pour la reconstruction.
La corne d’abondance recouvrant le drapeau tricolore de pièces d’or symbolise la prospérité économique de la France à restaurer. A l’arrière-plan du document, sont représentés des travailleurs agricoles : ils incarnent la reprise de l’activité économique.

Emprunt national 1920 – Banque Adam
Cette affiche de la Banque Adam, rachetée par une banque ancêtre de BNP Paribas en 1937, a été réalisée par le portraitiste et sculpteur Charles-Albert Walhain (1877-1936). Elle s’inscrit dans le courant des affiches de la reconstruction. Le pêcheur et le port, figurés, en arrière-plan incarnent la reprise de l’activité économique dans cette région. Ils rappellent aussi les attaches de la banque avec le port de pêche de Boulogne-sur-Mer.

Emprunt national 1920, souscrivez
Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953), peintre, sculpteur et céramiste symboliste français a imaginé cette affiche en faveur de l’emprunt de la reconstruction, pour le compte de la Banque de Paris et des Pays-Bas. Il s’agit d’une allégorie de la production industrielle et agricole, ainsi que du commerce. En effet, à l’arrière-plan, on aperçoit une usine d’où s’échappent des volutes de fumée et au premier plan, on note la présence d’un râteau, d’une tenaille, d’un marteau et d’une grue symbolisant la reprise de l’activité économique.


Emprunt de 25 millions en obligations 6% – Ville d’Albert, 1920-1921
Avec cette affiche, F.Galais, artiste français, invite à souscrire à l’emprunt de 25 millions de francs émis par la ville d’Albert pour financer sa reconstruction.
Située dans la Somme, en plein champ de bataille, Albert est totalement dévastée par le conflit. L’artiste met en exergue sur l’affiche la Basilique Notre-Dame de Brebières, totalement détruite avec sa statue de la Vierge sur le point de s’écraser au sol en avril 1918.
Pour que la France se relève de ses ruines….Souscrivez à l’emprunt
Georges Goursat dit Sem (1863-1964) est un caricaturiste et affichiste français. Il a conçu quatre affiches pour la BNC entre 1914 et 1918. Cette création dédiée à l’emprunt national 1920 met en relief un décor sinistré. A l’arrière-plan, il utilise l’image de Marianne illuminant le territoire pour suggérer l’espoir de la reconstruction.


Emprunt national 1920, souscrivez – Banque de Paris et des Pays-Bas
Francisque Poulbot (1879-1946 est un artiste français, devenu célèbre pour ses gamins de Paris. Il a réalisé cette affiche pour la Banque de Paris et des Pays-Bas, ancêtre de Paribas. La France est représentée sous les traits d’une petite fille à la robe déchirée au milieu des ruines : le pays est dévasté mais cette enfant incarne l’avenir de la France.
Les banques françaises ont joué un rôle important dans le financement de l’effort de guerre par leur capacité à susciter l’élan patriotique de la population et à placer les emprunts de la défense nationale. Elles ont acquis une légitimité qui les place en acteur naturel de la reconstruction du pays et conduit à l’élargissement de leurs clientèles. La mobilisation de l’épargne par l’Etat pour la reconstruction et le remboursement des emprunts de guerre va toutefois créer des tensions pour le financement de l’économie.
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