BNCI, quand l’internationalisation passait par l’Afrique
Le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) est la première banque ancêtre de BNP Paribas à s’établir en Afrique, à la fin du XIXe siècle. Mais l’implantation sur le continent prend une toute autre ampleur avec la Banque nationale pour le commerce et de l’industrie (BNCI), dès les années 1940.
L’Empire colonial français, voie du dynamisme
A la suite du traité de libre-échange de 1860, signé entre la France et l’Angleterre, le CNEP a pris l’initiative de créer un réseau international. Dans les années 1890, il s’installe à Madagascar, en Tunisie, au Maroc, puis en Egypte en 1909. Mais le réel développement du Groupe sur le continent africain a lieu durant la Seconde Guerre mondiale avec la BNCI, sous l’impulsion de son directeur général Alfred Pose. En 1940, alors que la France est occupée, coupée en deux zones et que son économie est atone, la nécessité d’un développement à l’outre-mer s’impose. L’Empire colonial offre une voie pour se déployer et ancrer sa position à l’international : telle est la conviction de Pose, qui réunit en juin 1940 quelques collaborateurs afin de mettre en place cet axe de développement. Dès juillet, la BNCI prend le contrôle de la Banque de l’union nord-africaine, qui devient la BNCI Afrique (BNCIA). L’objectif est de donner une nouvelle dimension à ce petit établissement d’Alger, avant de créer d’autres sièges dans le pays. Dans le même temps, une agence est fondée à Casablanca, une autre à Saint-Louis du Sénégal.
Un solide réseau en Afrique
Grâce à l’esprit d’anticipation d’Alfred Pose et à son goût des horizons lointains, la BNCI se forge une place croissante en Afrique avec des sièges ouverts en 1941 en Tunisie et en Guinée. La même année, la BNCI rachète le Crédit Foncier de Madagascar. Alors que Pose s’installe à Alger en 1942 pour poursuivre le développement de la BNCIA, une trentaine de sièges sont ouverts en Syrie et au Liban, qui étaient alors sous mandat français.
Pierre Ledoux, administrateur-directeur général de la BNCI Afrique (BNCI-A) de 1957 à 1962, puis directeur de BNP dès 1966, est un autre artisan de l’expansion de la banque, durant les années 1950. Lorsqu’il accède à la tête de la BNCIA, son réseau algérien comprend une quarantaine d’agences. Pierre Ledoux a notamment appuyé les actions confortant la reprise économique au Maroc en 1957 et y a relancé la création de nouvelles agences. Malgré le délicat contexte politique de l’Afrique du Nord entre 1954 et 1962, il parvient à mobiliser le personnel de la BNCIA et à maintenir une activité satisfaisante.
Dans le sillage de la découverte en 1957 du pétrole et du gaz sahariens, la BNCIA a accompagné les sociétés métropolitaines en leur fournissant des moyens de financement et d’investissements.
Après la décolonisation
Amorcée en Afrique dès 1956, la décolonisation entraîne une recomposition profonde du réseau bancaire dans la région.
Si la BNCI maintient ses réseaux d’agences en Tunisie et au Maroc après leur indépendance en 1956, ils sont ensuite transformés en filiales.
En créant en 1961, l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie et la Banque marocaine pour le commerce et l’industrie (BMCI) en 1964 , elle met fin à ses activités directes dans ces deux pays.
En Afrique de l’Ouest et centrale, la BNCI redéfinit les bases de son implantation en s’associant avec les nouveaux Etats indépendants, dans les Banques internationales pour le commerce et l’industrie (BICI). Ces établissements voient le jour à partir de 1962 au Sénégal, Cameroun, Congo et Gabon.
En Algérie, indépendante depuis 1962, la BNCI puis la BNP, son successeur, ont maintenu les activités de la BNCI-Afrique. C’est à la suite d’une décision du gouvernement algérien retirant aux banques étrangères leur agrément en matière de commerce extérieur, entrée en vigueur le 1er novembre 1967, que la BNCI Afrique met un terme à ses opérations en Algérie. La filiale de la BNP revendra son réseau à la Banque nationale d’Algérie le 12 janvier 1968.
Partager cette page