BNP Paribas et la Chine : plus de 160 ans de présence (1/5)

Mise à jour le : 26 Déc 2022
Tags : ,
Archives historiques BNP Paribas

Archives historiques BNP Paribas

Bien avant d’établir son réseau national, le Comptoir d’escompte de Paris (CEP) ouvre en 1860 une agence en Chine. Toutes les banques ancêtres du Groupe ont su, durant près d’un siècle et demi, composer avec les vicissitudes qui ont jalonné l’histoire contemporaine de l’empire du Milieu. Mais leur présence, sous diverses formes, démontre qu’elles ont toutes su mesurer l’énorme potentiel offert par le pays et construire des relations économiques et financières durables.

Années 1860-1880 : premières poussées en Chine avec le Comptoir d’escompte de Paris

Le Comptoir d’escompte de Paris (CEP) saisit l’occasion de l’ouverture de la Chine aux pays occidentaux pour installer dès 1860 ses deux premières agences en Chine, afin de soutenir son économie nationale et promouvoir les relations diplomatiques entre la France et la Chine.

L’intérêt français pour la Chine n’est pas récent. La première guerre de l’Opium, qui a opposé l’Angleterre et la Chine en 1840-1842, marque les débuts de la pénétration occidentale et contraint la Chine à signer des concessions aux Britanniques, puis aux Français : ouverture de 5 ports au commerce français (Canton, Shanghai, Amoy, Fou Tcheou et Ningbo), droit pour les étrangers d’y résider, de commercer directement avec les Chinois ou d’y installer un consulat. A partir de 1860, 11 nouveaux ports sont accessibles aux étrangers. Le régime des concessions s’étend aux grandes villes, comme Shanghai, où une concession britannique voit le jour dès 1845, la française, en 1849. Canton, Tientsin, Hankeou, Amoy, Fou Tcheou en sont à leur tour dotées à partir de 1860. Ainsi, l’empire du Milieu a cessé d’être la forteresse inaccessible qui, vingt ans auparavant, n’avait aucun contact avec l’extérieur.

Parallèlement, la signature en 1860 du traité de libre-échange avec la Grande-Bretagne favorise le déploiement du grand commerce pour la France dans l’Empire britannique. C’est cette même année que le Comptoir d’escompte de Paris (CEP) obtient, par décret du 25 mai, la permission de fonder des agences dans les colonies françaises et à l’étranger. En effet, se consacrant jusque-là au métier de l’escompte, il opte pour une nouvelle stratégie de croissance et d’appui au négoce dans l’ensemble de ses opérations, par un élargissement de ses activités et de ses zones d’intervention. C’est pour répondre à la demande de ses clients installés à l’étranger qui souhaitent être accompagnés par leur banque que le CEP se décide à ouvrir des agences à l’international, devenant ainsi à l’époque le seul établissement à organiser le financement du commerce international français dans les pays de production.

La Chine est le premier pays où le Comptoir ouvre une agence: Shanghai est le premier jalon posé en 1860, Hong Kong, le second, en 1862. C’est en effet dans les années 1850 que les milieux d’affaires français s’éveillent à la Chine.

Les soyeux lyonnais sont les plus actifs, car la soie exportée depuis Canton, Shanghai et Hong Kong leur permet de remplacer la production européenne et méditerranéenne, victime depuis 1851 de la maladie de la pébrine. À cette époque, l’industrie européenne est à la recherche de grandes quantités de matières premières et aspire également à de plus vastes débouchés. Les perspectives de développement du commerce chinois sont prometteuses.

Opérationnelle dès le mois de septembre, l’agence de Shanghai joue un rôle d’intermédiaire dans le recouvrement de l’indemnité de guerre due à la France par le gouvernement chinois, suite à sa défaite lors de la Seconde guerre de l’Opium (1856-1860). Elle contribue par ailleurs au développement de l’importation directe des soies et thés de Chine en France, mais aussi à l’exportation d’articles manufacturés français. En 1865, déjà 5 maisons françaises sont installées à Shanghai. Le commerce de la soie d’Extrême-Orient, d’abord modeste, constituera au début des début des années 1880 un tiers des soies de toutes provenances.

En 1884, la Chambre de commerce de Lyon charge Paul Brunat, ingénieur connaissant à la fois l’industrie de la soie et l’Extrême-Orient, d’enquêter sur les perspectives commerciales de la région, «la nouvelle colonie asiatique ». 

En 1885, une « Mission de l’industrie française en Chine », créée sous la houlette du CEP, profite de la position acquise par voie de guerre pour étudier les possibilités de mener de grands chantiers de travaux publics. A la suite à des conclusions positives, le Comptoir, devenu la « French Bank » en Extrême-Orient,  ouvre des agences et sous-agences à Tientsin, Fou Tcheou et Hankeou en 1886. Le souci de lier la constitution d’une zone d’influence et les concessions ferroviaires, les contrats de grands travaux et les emprunts prouve que les deux pôles d’intervention française en Chine – le quai d’Orsay et les milieux économiques – s’épaulent mutuellement : ce sont diplomates, négociants, industriels et banquiers français qui se retrouvent pour développer leur influence en Chine et obtenir le maximum de concessions. N’oublions pas aussi qu’au XIXe siècle, le système bancaire en Asie est dominé par les banques britanniques et japonaises. Il y avait incontestablement une volonté affichée de concurrencer sur leur propre territoire les banques et le commerce britanniques

Le CEP a été ainsi précurseur en Asie, ses concurrents préférant jusque-là s’allier avec des établissements-correspondants lors de leur implantation à l’étranger. Mais son bilan en Chine dans ces années reste mitigé. Sa présence est perturbée par une histoire chinoise mouvementée, l’amenant à des ouvertures et fermetures successives de ses agences à la fin des années 1870 et dans les années 1880, ce qui aura pour conséquence à lui faire revoir sa stratégie en Chine, et dans toute la région dans son ensemble.


Vous avez aimé cette histoire ?

Cette sélection d’articles pourrait aussi vous intéresser !