BNP Paribas en Chine : retour et consolidation des positions du Groupe (5/5)

Temps de lecture : 13min Nombre de likes : 3 likes Mise à jour le : 10 Déc 2021
Archives historiques BNP Paribas

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Bien avant d’établir son réseau national, le Comptoir d’escompte de Paris (CEP) ouvre en 1860 une agence en Chine. Toutes les banques ancêtres du Groupe ont su, durant près d’un siècle et demi, composer avec les vicissitudes qui ont jalonné l’histoire contemporaine de l’empire du Milieu. Mais leur présence, sous diverses formes, démontre qu’elles ont toutes su mesurer l’énorme potentiel offert par le pays et construire des relations économiques et financières durables.

Fin des années 1950 : retour vers la Chine en vue du réveil chinois

Hong Kong, tête de pont du groupe en Asie, va permettre au Groupe de bâtir méthodiquement, dès la fin des années 1950, un réseau solide en Chine, une des premières puissances mondiales aujourd’hui.

La France, sous l’impulsion du Général de Gaulle, est la première nation occidentale à établir des relations diplomatiques avec la Chine en janvier 1964. Hong Kong, préservée de l’expansion du communisme chinois, colonie britannique depuis la première de l’Opium où ont trouvé refuge de nombreux industriels shanghaiens, va devenir la plateforme régionale en Asie pour le Groupe.

BNCI, succursale de Hong Kong, 1966. Archives historiques BNP Paribas
BNCI, succursale de Hong Kong, 1966. Archives historiques BNP Paribas

Quelques années auparavant, en 1958, la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI, ancêtre de la BNP) s’installe à Hong Kong, avec un bureau de représentation constitué de 3 personnes. En 1959, devenu une agence, son dynamisme lui permet de s’imposer comme un établissement de premier plan. La BNP, formée par la fusion du CNEP et de la BNCI en 1966, capitalise sur cet héritage : en 1972, près de 300 personnes travaillent pour la banque dans 7 agences.

Parallèlement, la Banque belge pour l’Etranger – BBE (Fortis) ouvre en 1959 une succursale à Monkong, en 1963 à Tsuen Wan (péninsule de Kowloon, britannique depuis la seconde guerre de l’Opium). En 1972, elle doit fermer les agences inactives de Tientsin et de Shanghai, mais crée la même année une filiale financière, la Wa Pei Finance Co. Ltd à Hong Kong. En effet, 1972 fut une année difficile pour la plupart des places financières mondiales, ce qui a permis à celle de Hong Kong de prendre un essor sans précédent. Des firmes locales se font inscrire en Bourse, ainsi que certaines grandes sociétés de placements internationaux. Le développement de la BBE se poursuit à un rythme soutenu : de 8 succursales en 1974, elle passe à 13 en 1979, avec 500 collaborateurs.

BNP Hong Kong, 1980. Archives historiques BNP Paribas
BNP Hong Kong, 1980. Archives historiques BNP Paribas

En 1980, la BNP devient la première banque européenne de Hong Kong. Car la colonie britannique est la tête de pont de l’implantation de la BNP dans la République populaire de Chine. Cette stratégie, qui répond à la volonté d’ouverture économique des autorités chinoises, s’appuie sur la position solide du Groupe dans la région, et vise à quadriller le pays, en s’implantant dans les principaux centres économiques. Le réseau chinois se construit patiemment depuis le début des années 1980.

Il s’est d’abord appuyé sur trois bureaux de représentation, à Pékin (1980), à Canton avec un bureau de liaison (1980) et à Shanghai, dépendant de Pékin (1983), faisant de BNP la première banque occidentale implantée en République démocratique de Chine. Ensuite, le réseau s’étoffe avec l’ouverture d’une agence à Shenzhen, zone économique spéciale et ville-frontière avec Hong Kong.

BNP, façade de l’agence de Kow-Loon, n. d.. Archives historiques BNP Paribas
BNP, façade de l’agence de Kow-Loon, n. d.. Archives historiques BNP Paribas

A partir des années 1980, une présence de plus en plus affirmée

En 1983, à l’invitation de la Banque de Chine, René Thomas, président de la BNP, se rend pour la première fois à Shenzhen. La banque française, qui est à l’origine des premières négociations relatives à la signature de conventions de crédits acheteurs avec la Banque de Chine, souhaite maintenant développer ses relations et asseoir son implantation.

R. Thomas (3e en partant de la gauche) à Shenzhen 4 juin 1984. Archives historiques BNP Paribas
R. Thomas (3e en partant de la gauche) à Shenzhen 4 juin 1984. Archives historiques BNP Paribas

Ainsi, la BNP s’associe en 1988 avec la Banque de l’agriculture de Chine (réseau de 44000 agences avec un effectif de 420000 personnes) puis en 1993 avec l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), la plus grande banque commerciale de Chine populaire, constituée d’un réseau de 26000 agences et 600000 employés, donnant naissance à l’International Bank of Paris and Shanghai (IBPS). Le Groupe BNP se trouve ainsi dans une position clé pour participer aux projets de développement et d’extension de Shanghai, pouvant travailler en monnaie locale, le renmibi. Ce dispositif est complété avec l’ouverture de 3 succursales (à Shenzhen, Tianjin et Canton) et de 3 bureaux de représentation (à Pékin, Tianjun et Chengtu, capitale du Sichuan).

Dans le même temps, BNP Hong Kong diversifie ses activités pour répondre aux énormes besoins régionaux, plus particulièrement ceux liés au réveil de la Chine. Le groupe comprend – aux côtés de ses deux puissantes divisions commerciales, particulièrement actives dans le domaine du trading – une division spécialisée dans le financement de grands projets comme la centrale nucléaire de Daya Bay (les financements de la première tranche en 1986, et de la deuxième tranche en 1995, représentant le plus gros et le plus long crédit export réalisé jusqu’alors avec la Chine, s’étalant sur 22 ans) ou l’implantation de Peugeot en Chine; il est également très actif dans les financements de bateaux et d’avions. Cette implication a permis à la BNP de se hisser, en 1992, au premier rang des arrangeurs de crédits syndiqués pour la Chine.

Centrale de Daya Bay, 15 octobre 1988. Archives historiques BNP Paribas
Centrale de Daya Bay, 15 octobre 1988. Archives historiques BNP Paribas

En 1993 déjà, BNP bénéficie à Hong Kong d’une position enviée : première banque française et européenne, c’est l’entité la plus importante de la BNP en Asie-Océanie, forte de 6 agences, 750 personnes, 7 500 clients entreprises, 10 000 clients particuliers. Avec la filiale BNP IFS, elle se spécialise dans la gestion de fortune, ainsi que dans le financement de titres grâce à BNP International Financial Services, créée en 1985 et filiale de la BNP. Pour compléter ce dispositif, la succursale fait également l’acquisition d’un siège en Bourse de Hong Kong, BNP Securities HK Limited. En 1998, la banque reprend le courtier Peregrine, l’un des principaux brokers solidement implanté en Chine continentale et rebaptisé BNP Prime Peregrine l’année suivante. Il occupe la première place en émissions d’actions pour les acteurs institutionnels chinois et hongkongais.

De son côté, Paribas installe une plateforme régionale à Singapour, faisant de cet cité-Etat le périmètre d’intervention dans la zone de l’Asie chinoise : l’établissement financier fait le pari stratégique sur l’avenir de Shanghai. En 1997, il y ouvre une succursale. Trois ans plus tard, BNP et Paribas fusionnent.

Depuis les années 2000, accélération et intensification des partenariats

C’est en décembre 2001 que l’intégration de la Chine dans l’économie mondiale s’accélère avec son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC), s’inscrivant dans la continuité du processus de libéralisation lancé par Pékin à la fin des années 70. Pour le Groupe qui voit la Chine comme l’une des clés de son développement en Asie, c’est le moyen d’étendre sa présence en s’appuyant sur des partenaires locaux.

Chine, Hong Kong, 2010. ©BNP Paribas LaCompany / Grégoire KORGARNOW
Chine, Hong Kong, 2010. ©BNP Paribas LaCompany / Grégoire KORGARNOW

Cette stratégie de croissance externe a pris la forme de la création de joint-ventures. En 2006, le groupe lance BNP Paribas Banque Privée, puis en 2008 BNP Paribas (China) Limited signe une joint-venture avec Bank of Nanjing avec 12,6% de participation. De son côté, BNP Paribas Personal Finance signe en 2013 une joint-venture avec Geely Automobile en vue de développer une activité de financement automobile en Chine, et en 2014, à hauteur de 15% de participation, une autre avec Suning (le plus grand distributeur d’électroménager en Chine) et Bank of Nanjing, dédiée au crédit à la consommation sur le point de vente et pour son crédit en ligne.

Le Groupe BNP Paribas est aujourd’hui solidement implanté en Chine, avec près de 700 collaborateurs, menant des activités de Wealth management, d’assurances, de crédit à la consommation, d’investissements institutionnels et financement des grandes entreprise.



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