BNP Paribas en Chine : vers une sortie forcée (4/5)

Mise à jour le : 6 Jan 2025
Archives historiques BNP Paribas
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Bien avant d’établir son réseau national, le Comptoir d’escompte de Paris (CEP) ouvre en 1860 une agence en Chine. Toutes les banques ancêtres du Groupe ont su, durant près d’un siècle et demi, composer avec les vicissitudes qui ont jalonné l’histoire contemporaine de l’empire du Milieu. Mais leur présence, sous diverses formes, démontre qu’elles ont toutes su mesurer l’énorme potentiel offert par le pays et construire des relations économiques et financières durables.

Années 1920-1950: une présence de plus en plus compromise

La situation politique de la Chine devient de plus en plus instable, le paroxysme est atteint avec une fermeture et un repli progressifs du pays, et les banques du Groupe se réfugient aux marches du pays.

En 1922, le krach de la Banque industrielle de Chine (BIC) est un immense tremblement de terre financier qui va secouer le crédit de la France dans cette partie du monde et envenimera les relations entre la France et la Chine pendant une dizaine d’années.

Banque franco-chinoise, créée en 1913 avec le soutien du Ministère des Affaires étrangères, établie à Shanghai et à Paris, la BIC est, pour un tiers, composée de capitaux chinois et pour le reste, de capitaux français, dont ceux de la Banque de Paris et des Pays Bas (Paribas).

Après des débuts très prometteurs liés à la prospérité de l’économie chinoise, la banque est victime des soulèvements populaires dans les années 1910 et des événements politiques qui secouent le pays à partir de 1919, ne lui permettant pas de juguler la baisse des cours des matières premières et de se voir rembourser les prêts consentis au gouvernement chinois.  Concurrente directe d’une autre banque française – la Banque de l’Indochine, elle ne parviendra pas à obtenir une adhésion au sein du gouvernement français pour qu’il apporte son aide et la recapitalise.

En 1922 est fondée la Banque franco-chinoise pour le commerce et l’industrie par un groupe puissant de grandes banques, notamment la Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas) et le CNEP. C’est une banque d’investissement dont le but est de reprendre immédiatement en Extrême-Orient l’activité bancaire de la Banque industrielle de Chine (BIC).

Elle occupe une place importante dans la coopération entre la Chine et la France, et les affaires qu’elle traite sont donc indépendantes de celles qu’a pu contracter antérieurement la BIC. Elle s’emploie, aussi activement que le permettent les délais légaux et la distance, à la liquidation des engagements de la BIC. Pour ce faire, des agences sont ouvertes en France (à Paris, Lyon et Marseille) et en Chine (à Pékin, Canton, Hankéou, Hong Kong, Shanghai et Tientsin).

Guerres et fermeture du pays poussent le Groupe à se replier

Mais en 1931-1937 le pays doit prendre part à la seconde guerre sino-japonaise marquée le 13 août 1937 par l’incursion de l’Armée impériale japonaise sur le reste du territoire chinois, avec l’invasion de Shanghai. Cette incursion s’intègre à partir de 1941 au volet asiatique de la Seconde Guerre mondiale (invasion japonaise du Sud-est asiatique et guerre du Pacifique). Notons que la position de la France fut plus que conciliante vis-à-vis des Japonais à Shanghai.

Cela permet à l’agence de Shanghai d’échapper en 1940-41 à la situation difficile provoquée par la seconde guerre sino-japonaise : jusqu’en décembre 1941, la ville reste en marge du conflit. Protégée par des concessions internationale et française, l’activité portuaire ne ralentit pas.

Mais suite à l’attaque de Pearl Harbor, les Japonais deviennent les maîtres absolus de la concession internationale de Shanghai et de tous les secteurs économiques de la ville. Bien que protégée par son statut de neutralité et l’existence de la concession française, l’agence de Shanghai est réduite à une situation d’attente : de 1942 à 1945, elle tente de couvrir ses frais généraux.

Puis le 17 décembre 1950, en rétorsion à l’engagement de Pékin aux côtés de la Corée du Nord, les Etats-Unis bloquent tous les fonds chinois présents sur leur sol. Sans dollars, le commerce chinois avec les pays occidentaux est paralysé. Le pays se replie vers des échanges avec l’URSS et applique de plus en plus strictement le programme de réformes voulues par le régime maoïste, mis en place à partir de 1949. Les agences de Pékin, Hankéou et Canton ferment cette même année.

La situation politique du pays et les relations extrêmement tendues en pleine Guerre froide avec les pays occidentaux obligent le Groupe à quitter le pays, et à revoir sa stratégie d’investissement dans cette partie du monde. Hong Kong, colonie britannique épargnée par l’expansion maoïste, va devenir le nouveau port d’attache du Groupe.



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