BNP Paribas en Chine : les rôles de Paribas et de Fortis (3/5)

Mise à jour le : 26 Déc 2022
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Archives historiques BNP Paribas

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Bien avant d’établir son réseau national, le Comptoir d’escompte de Paris (CEP) ouvre en 1860 une agence en Chine. Toutes les banques ancêtres du Groupe ont su, durant près d’un siècle et demi, composer avec les vicissitudes qui ont jalonné l’histoire contemporaine de l’empire du Milieu. Mais leur présence, sous diverses formes, démontre qu’elles ont toutes su mesurer l’énorme potentiel offert par le pays et construire des relations économiques et financières durables.

Années 1890-1920: le rôle discret, mais vital, joué par les autres banques ancêtres en Chine

Les banques ancêtres de Paribas et Fortis, autres composantes du Groupe, ont très tôt été très actives dans le financement de la construction et modernisation de la Chine.

Si le Comptoir d’escompte de Paris, redevenu le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP), s’est installé en pionnier en Asie, les autres banques ancêtres du Groupe – la Société générale de Belgique (Fortis) et la Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas), ont été très actives en Chine à des époques et des rythmes différents.

Elles ont joué un rôle clef dans la stratégie d’endiguement de la puissance du négoce et de la finance britanniques en Chine: en effet, grâce à elles, entre 1890 et 1820, les intérêts français et belges se déploient dans les chemins de fer orientaux et sur les places bancaires, Paris devenant un acteur important dans le placement d’emprunts asiatiques.

Le rôle de la Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas)

Ainsi, en octobre 1895 est créée la Banque russo-chinoise à Saint-Pétersbourg, consortium financier regroupant des capitalistes russes et français autour de la Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas), et auquel a pris part le CNEP. La création de cette institution est liée à la guerre sino-japonaise de 1895 : pour payer une indemnité de guerre à la suite de sa défaite, la Chine avait besoin d’émettre un emprunt important. La Russie et la France, liées entre elles par des traités d’alliance depuis 1891, se déclarent prêtes à l’aider.

Ce groupe franco-russe est rejoint en mars 1897 par la Société générale de Belgique (Fortis), qui en s’associant avec Paribas, crée à son tour la Société d’étude de chemin de fer en Chine, société filiale qui obtient en juillet 1897 la concession de la ligne Pékin-Hankéou, 1300 km de voies traversant du nord au sud la grande plaine chinoise et desservant la capitale de l’empire, proche de la zone d’influence russe, en pleine zone d’influence britannique. Il fut notamment entendu que les partenaires belges assureraient les deux cinquièmes du financement, contre trois cinquièmes pour les banques françaises, tandis que les commandes seraient réparties pour moitié entre les entreprises des deux pays.

Ce projet, l’un des plus grands chantiers de l’époque d’une importance vitale pour le ravitaillement en riz et sorgho du centre de la Chine à Pékin, est rendu possible par l’appel à l’épargne française organisé par Paribas et le CNEP. La construction du chemin de fer est achevée en sept ans (1898-1905), l’inauguration ayant lieu le 14 novembre 1905. Il s’avère très profitable à la fois pour les investisseurs et les autorités chinoises. La rentabilité élevée de la ligne amène d’ailleurs la Chine à racheter la concession en 1909.

Le poids de la Société générale de Belgique (Fortis)

La Société générale de Belgique, quant à elle, élargit son influence dans l’Empire du milieu à partir du début du XXe siècle : à la suite de la révolte des Boxers en 1899-1901, la Chine est contrainte de payer des indemnités aux puissances dont les ressortissants avaient pâti de l’insurrection.

C’est notamment pour assurer le service de ces indemnités versées à la Belgique ou à ses ressortissants que la Générale crée une filiale bancaire en Chine en mars 1902, avec la collaboration du ministère des Affaires étrangères – la Banque Sino-Belge (qui deviendra la Banque belge pour l’étranger, BBE),et ouvre immédiatement une première agence à Shanghai. Elle traite des opérations de change, d’arbitrage, de prêt sur garanties, de financement de l’import-export et émet également des billets libellés en dollars locaux. Une seconde agence est ouverte à Tientsin en 1906, une troisième à Pékin en 1912. Cet établissement connaîtra un fort développement à Hong Kong (ouverture en 1935) où il disposera d’un réseau de 13 agences dans les années 1970.

Ainsi, toutes les banques ancêtres du Groupe BNP Paribas ont eu une vision commune quant à l’intérêt d’investir dans la construction et reconstruction de la Chine, employant des stratégies d’implantation ou d’influence financière personnalisées.



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