Le « 14 Bergère », bâtiment emblématique de l’architecture bancaire du XIXe siècle à Paris

Mise à jour le : 10 Sep 2025
Extrait de l'affiche représentant le 14 rue Bergère en 1921, siège du CNEP, pour l'emprunt national dédié à la Reconstruction - imprimerie Draeger - Archives historiques BNP Paribas, 4AF508
Extrait de l'affiche représentant le 14 rue Bergère en 1921, siège du CNEP, pour l'emprunt national dédié à la Reconstruction - imprimerie Draeger - Archives historiques BNP Paribas, 4AF508

Au détour des Grands Boulevards, en contrebas de la rue Rougemont, une façade étonnante se détache comme un fond de scène. Approchant plus près, le curieux découvre le n° 14 de la rue Bergère, symbole de l’architecture bancaire du XIXe siècle.
Le voilà donc au pied du bâtiment qui accueillait le siège de l’ancien Comptoir national d’escompte de Paris depuis 1852.
L’édifice principal, pensé et réalisé par l’architecte Edouard-Jules Corroyer, est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1991.

La rapide croissance du CNEP

Depuis 1846, une crise économique, politique et sociale désorganise le pays. Pour y remédier, le gouvernement provisoire de 1848 ouvre dans les villes industrielles des établissements de crédit.

Soutenu par un groupe d’éditeurs dont Louis Hachette, le Comptoir national d’escompte de Paris s’installe au Palais-Royal. Le Ministre des Finances lui libère temporairement une partie des locaux.
L’établissement devient rapidement un grand acteur du financement du commerce et de l’industrie.

Trouver sa place dans la capitale

En 1852, le Comptoir doit libérer le Palais-Royal qui ne peut plus l’accueillir et, après 18 mois de recherches, signe un bail au 14 rue Bergère où se trouve l’hôtel Rougemont. Le CNEP a trouvé son siège social.

Au cœur du quartier des affaires, la rue Bergère offre une situation idéale, au centre de l’activité financière, commerciale et industrielle. Initialement créé en 1848 pour relancer le commerce parisien, le Comptoir se développe alors rapidement. Avec la signature du traité de libre-échange en 1860 entre l’Angleterre et la France, le CNEP est autorisé à diversifier ses services en France et à l’international en ouvrant des agences bancaires.

En 1862, le CNEP se porte acquéreur du 14 de la rue Bergère et pérennise ainsi sa présence parisienne. Initialement, les directeurs du Comptoir avaient prévu d’acquérir le 56, rue de la Victoire, en raison des difficultés rencontrées lors des négociations avec le propriétaire de l’hôtel de la rue Bergère. Cependant, après une dernière tentative, le CNEP parvient à acheter le 14 au « très bon prix de 500 fr. le mètre superficiel de terrain » (comme le précise le Procès-Verbal de l’Assemblée Générale Ordinaire du 31 juillet 1862, cote 101AH017).

L’architecture comme symbole de la modernité et du dynamisme du CNEP

Le Comptoir, qui est alors le troisième plus grand établissement de crédit de France, va confier à l’architecte Edouard Corroyer, ancien élève de Viollet-Le-Duc, la conception du bâtiment. Les travaux d’aménagement se déroulent de 1878 à 1882. La presse contemporaine salue la modernité du bâtiment que l’architecte a porté à la pointe du progrès technique : électricité, ascenseur, chauffage central à vapeur et tubes pneumatiques pour l’acheminement du courrier, horloges indiquant l’heure dans les principales villes du monde.

Dès ses débuts, Jules Édouard Corroyer, issu d’une famille d’artisans du bâtiment, avait défendu la reconnaissance des arts appliqués comme partie intégrante de l’œuvre architecturale. Il engage donc des décorateurs et ornemanistes renommés comme le mosaïste Giandomenico Facchina (formé à Venise) et le peintre décorateur Charles Lameire (spécialisé dans le décor d’églises).

Tout comme le siège du Crédit Lyonnais, le 14 de la rue Bergère symbolise l’architecture bancaire du XIXe siècle à Paris. Le « 3 Antin » de la Banque de Paris et des Pays-Bas rejoint le cercle des sièges remarquables des grandes banques au même moment.

Au même moment naît la photographie d’architecture dont Louis-Emile Durandelle se fait une spécialité.

Un fabuleux mélange de prouesse technique et de chef-d’œuvre des arts appliqués

De réaménagements en agrandissements

Afin d’agrandir le Service de la Présidence, le CNEP acquiert progressivement les parcelles voisines de l’Hôtel Rougemont. Ainsi, les bâtiments des rues du Conservatoire et de Sainte-Cécile intègrent le siège.

Une seconde partie du siège est construite sous la direction de l’architecte François Constant-Bernard entre 1900 et 1905.

De l’hôtel Rougemont à l’îlot Bergère

Au début des années 2000, ce qu’on appelle alors « l’ilot Bergère » regroupe plusieurs activités au sein de ses 26 000m2. Entre 2007 et 2009, de grands travaux de réaménagement ont pour objectif de répondre aux évolutions techniques des métiers.
La rénovation prend en compte l’histoire du 14 de la rue Bergère et met en valeur ce symbole de l’architecture bancaire. Plus de 1700 collaborateurs de l’activité de gestion d’actifs, pilotée par notre filiale BNP Paribas Asset management vont investir les lieux jusqu’en 2020.

Les peintures de Charles Lameire, les mosaïques de Giandomenico Facchina et les sculptures d’Aimé Millet sont revalorisées. Le sol en dalles de verre de Saint-Gobain de l’atrium reflète toujours la lumière issue de la verrière. Les bureaux et salles de formations, qui ont remplacés les salles des coffres et de conservation des titres situées en sous-sol, sont baignés de sa lumière.

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Archives historiques BNP Paribas 12Fi53 et 1Fi73-91

Il s’agit du premier chantier de réhabilitation d’un monument historique à obtenir la certification HQE (Haute Qualité Environnementale).

Le « 14 Bergère » entre en 2020 dans le parc immobilier du fonds d’investissement américain, LaSalle Investment Management.

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