Jean Jadot, l’ingénieur banquier

Mise à jour le : 26 Déc 2024
Jean Jadot (1862-1932) - Archives BNP Paribas Fortis

Jean Jadot (1862-1932) - Archives BNP Paribas Fortis

« Le grand Jadot est un homme de tout premier ordre » dira de lui Léopold II, roi des Belges. C’est d’abord en tant qu’ingénieur des chemins de fer que Jean Jadot attire l’attention de ses contemporains. Et entre ainsi à la direction de la Société générale de Belgique dont est issu BNP Paribas Fortis.

Ingénieur et pionnier de la présence belge en Chine

Né en 1862 à On (Belgique), Jean Jadot fait ses études à l’Université de Louvain. Après quelques années en Belgique et au Luxembourg, il s’expatrie en 1894 en Égypte où il travaille pour le tramway du Caire et devient directeur des Chemins de fer de Basse-Égypte.
Mais c’est surtout à partir de 1898, lorsqu’il s’embarque pour la Chine, qu’il commence à se faire connaître. En effet, la Société d’étude de chemins de fer en Chine vient d’obtenir la concession de la première grande voie ferrée chinoise, reliant Pékin à Hankou sur plus de 1200 km. Cette ligne exceptionnelle est financée par trois ancêtres du Groupe BNP Paribas : la Société générale de Belgique, la Banque de Paris et des Pays-Bas et le Comptoir national d’escompte de Paris. Nommé directeur général du projet, Jean Jadot en comprend rapidement l’importance pour le développement des intérêts belges en Chine. Dès lors, il dépasse le cadre de sa mission et s’emploie à étendre le réseau confié à sa société. Commencée en mars 1899, la ligne est inaugurée en 1905, malgré de nombreuses difficultés politiques (révolte des Boxers, interventions étrangères hostiles…) ou techniques (construction d’un pont de plus de 3 km sur le Fleuve Jaune).

Gouverneur de la Société générale de Belgique

Lorsqu’il rentre à Bruxelles en 1906, sa réputation lui vaut d’être nommé directeur au département industriel de la Société générale de Belgique (dont est issu BNP Paribas Fortis). Léopold II demande alors qu’il participe aux projets de mise en valeur du Congo, notamment à la construction de la ligne ferroviaire entre Léopoldville et la région du Katanga, dans le cadre de la politique coloniale belge.
Nommé Gouverneur en 1913, Jean Jadot oriente les activités de la Société générale de Belgique dans des secteurs totalement neufs, comme l’électricité, et intègre la jeune colonie du Congo dans la stratégie d’investissement de la banque.
L’une de ses idées maîtresses est de dégager l’industrie belge des influences et des circuits étrangers. Dans le domaine pharmaceutique, il finance les travaux du chimiste belge Meurice. Dans chaque domaine industriel, la Société générale de Belgique tente de mettre en place des sociétés faîtières, regroupant des activités similaires ou complémentaires : par exemple la Société des minerais dans le domaine des non-ferreux (1919).

Un homme engagé et responsable

Ses contemporains louent son intelligence, ses talents exceptionnels d’organisateur, et sa grande perspicacité en ce qui concerne les aspects techniques et économiques de la Seconde Révolution industrielle. Jean Jadot veut engager des universitaires experts aux postes de direction – souvent des ingénieurs -, et met l’accent sur des qualités humaines telles que l’enthousiasme, l’intégrité et la loyauté. Il considère que la solidarité familiale est un devoir essentiel : à la mort de son père, lui-même s’est employé à assurer l’avenir de ses jeunes frères, alors qu’il sortait à peine de l’université. Et il ne s’autorise à se marier que lorsqu’ils sont établis.
Enfin, la réussite de Jean Jadot ne peut être dissociée de son étroite collaboration avec Emile Francqui. C’est en Extrême-Orient, autour du Pékin-Hankou, que les deux hommes se sont connus. Leur succès à la Société générale de Belgique vient d’une répartition efficace des responsabilités, et c’est Emile Francqui qui remplacera Jean Jadot au poste de gouverneur à sa mort en 1932.

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